Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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tre-révolutionnaires se croyaient arrivés aux termes de leurs souflrances; leursennemis secondaientparfaitementleurs vœux. L'opinion de la supériorité de la tactique allemande, s'était singulièrement accréditée en France, depuis la fatale guerre de Hanovre. On voyait les armées étrangères arrivant, presque sans obstacle, à Paris. Les constitutionnels, lassés de la lutte pénible etinégale qu’ilssoutenaient au dedans, espéraient que les Fran. gais allaient être ramenés , par le besoin de la discipline militaire, au sentiment de l’ordre. Les revers ne seraient attribués qu’à la turbulence anarchique des jacobins, et l’on songerait enfin à les contenir. D'ailleurs, les généraux et l'état-major de chacune des armées, tenaient au parti constitutionnel. Quelques succès pouvaient rétablir leur popularité, et rendre leur influence dominante. C’est ainsi que les vœux des partis opposés appelaient ensemble la guerre, et placaient leurs espérances sur cet épouvantable fléau, qui a surpassé de beaucoup en horreurs, en massacres , en dévastations , tout ce que l’on connaît des guerres les plus calamiteuses. Ce fut le vingtavril 1792, que Louis, entraîné par la fatalité, vint au sein de l’assemblée législative, proposer de déclarer la guerre au roi de Hongrie et de Bohême. Il laissa lire sur son front, et témoigna, par altération de sa voix, les pressentimens funestes qui le dévaaient. Des cris, faiblement répétés de vive le roi, ne purent soutenir son courage chancelant. On acceptait avec empressement, mais sans reconnaissance, le moyen qu’il venait offrir d'avancer sa ruine. Peu s’en fallut que , par une acclamation subite , la guerre ne fût décrétée sur-le-champ. On accorda cependant à l'importance d'une telle délibération, un délai de quatre heures, et le soir même l'assemblée se rénnit pour décider du sort de la France et de l'Europe. Elle fit de grands efforts pour s'imposer du calme , maïs son enthousiasme éclatait par des mouvemens impétueux. Quelques-uns des hommes les plus ardens, qui avaient appris de Robespierre à combattre toutes les vues de Brissot, proposèrent encore quelque délai, leur voix fut étouffée pardesmurmures. On interpella ceux qui avaient à s’opposer à la guerre, de monter à la tribune : un seul y monta; ce fut Becquet. Il tenait au parti constitutionnel. Le discours qu’il prononca est encore irès-remarquable aujourd’hui par des pressentimens que la destinée a vérifiés. On l’écouta avec cette froideur qui caractérise une bienséance observée à regret. Pastoret , l’un des orateurs les plus distingués parmi les constitutionnels, réfuta , eu peu de mots, les considérations politiques qui venaient d’être présentées et ft de nouveau retentir le cri de guerre. Bazyre prophétisa des trahisons de la part de la cour; des murmures