Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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reur qu'avait inspiré à l'assemblée le Premier récit de ce mas sacre. Cette horreur n'existait plus, Puisque l’on élevait une telle discussion. L’amnistie fut accordée : avant même que la nouvelle en fût parvenue à Avignon , les assassins étaient déjà libres. Leurs complices encouragés avaient brisé les portes de leurs prisons. L’odieux Jourdan, ses exécrables compagnons , étaient promenés en triomphe dans la ville qu’ils avaient rem plie de sang. Les couronnes civiques étaient données à Rome à ceux-qui avaient sauvé la vie de leurs concitoyens ; à Avi= gnon, elles furent données à des assassins.

Cependant à Paris, la populace agitée vivait dans de continuelles saturnales. Les jacobins imaginèrent de lui donner une fête, où se trouva tout le délire et toute la grossièreté de ces temps malheureux. Ils avaient déjà obtenu un décret qui rendait la liberté aux soldats de Châteauvieux. On a vu , dans la première partie de cette histoire, les suites désastreuses de leur révolte contre leurs officiers ; ils s'étaient défendus jusqu’à la dernière extrémité. Les conseils de guerre suisses les avaient condamnés aux fers. On proposa de solenniser leur retour, et de leur rendre tous les honneurs dus à d’intrépides martyrs de la liberté. Cette fête avait un double objet : elle était un reproz che à l'assemblée constituante ,; qui avait osé punir cette rebellion, et qui avait approuvé la conduite de Bouillé, bientôt après fauteur du voyage de Varennes; elle rappelait à la cour ce que les jatobins lui reprochaient comme un de ses plus grands crimes, la sanglante journée de Nanci. Le parti de la ‘Gironde fui prêt à perdre patience, quand il vit se succéder, sans intervalle, ces extravagantes propositions. Il sentait qu’au moment où l’on venait d'engager la guerre, c’était le comble de l’imprudence et de la folie, que de célébrer, comme un exploit civique, un fait d’insubordination militaire. Robespierre se faisait une joie de soumettre à ces humiliantes épreuves ses rivaux en popularité, Il ne pouvait pas leur pardonner d’avoir fait lancer un décret d’accusation contre l’atroce Marat, qui écrivait d'après son inspiration. Un comédien, Collot-d'Herbois, plutôt un tigre qu’un homme, commenca sa carrière politique, en se déclarant l’ardent promoteur de cette fête. L’opinion publique éclata contre un pareil encouragement donné à la licence militaire. André Chénier et Roucher, deux écrivains pleins de feu, d'énergie et de moralité, soutinrent, avec avautage, la lutte contre les jacobins. Ceux-ci se souvinrent de leurs noms, lorsqu'ils eurent atteint la toute-puissance du crime, et vengèrent, dans leur sang, le ridicule trop impuissant dont ils les avaient couverts. La fête eut lieu. Collotd’Herbois parut, monté sur un char, avec ces soldats étonnés du culie qu’on leur rendait, On ne peut décrire toutes les extra-