Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

vagances auxquelles il se livra. La garde nationale refusa dé prendre part à cette fête ; elle resta tout le jour rassemblée dans les différens quartiers. Les jacobins ne s’en tinrent pas à; ils voulurent que l'assemblée rendît aussi hommage à leurs nouveaux héros. Ils les lui présentèrent. Le parti constitutionnel leur disputa vivement les honneurs de la séance, celui de la Gironde crut encore devoir faire un nouveau sacrifice ; et les soldats de Châteauvieux furent reçus avec honneur dans l'assemblée. Pendant toute cette journée, la cour crut être dans unimminent péril ; elle craignit que cette troupe tumultueuse ne se portât au château des Tuileries, mais les jacobins aimaient à procéder par des essais successifs ; il leur suflisait d'avoir donné une première épouvante.

Peu de temps après, les constitutionnels concurent l’idée d’une cérémonie aussi touchante, que celle des soldats de Châteauvieux avait été absurde. Ils voulurent honorer, par une fête funèbre , le dévouement de Simoneau, maire d'Etampes. Ce magistrat courageux avait opposé la loi à des paysans séditieux qui voulaient arrêter et piller un convoi de grains. Il était resté seul exposé à leurs fureurs , et il invoquait encore la loi, lorsqu'il recut le coup mortel. Le roi concourut au plan de cette fête; le département de Paris en ordonna la pompe d’une manière noble et religieuse. Une foule de citoyens paisibles vinrent honorer la mémoire de Simoneau : on le loua , on ne sut point limiter.

Cependant on attendait, avec impatience , l'issue de l’expédition de la Belgique projetée par Dumouriez; il y mit une extrême précipitation. Le général Rochambeau était loin de partager ses espérances ; il demandait des délais pour exercer ses troupes, où du moins pour les plier à quelque subordination. En effet, l’'indiscipline était extrême dans cette armée. Dans chaque ville de garnison, les soldats assistaient aux clubs, et ils délibéraient sur leur propre discipline , c'est-à-dire qu'ils n’en observaient aucune. On prenait cette licence pour an heureux enthousiasme. D’après les ordres réitérés du ministre, l'avant-garde sortit des murs de Lille ; elle rencontra à quelques lieues l’armée autrichienne, qui lui était inférieure en nombre. Les Francais avaient un tel désordre dans leurs dispositions, qu’ils se laissèrent attaquer. Une terreur panique se répandit parmi eux, le premier choc les mit en déroute. De tous côtés on entendit crier dans les rangs à la tra bison; on abandonna les canons et les bagages. Le général Rochambeau sortit des murs de Lille pour venir au devant des fugitifs. Mais à peine furent-ils rentrés dans cette ville que le sentiment de leur honte les rendit furieux. Ils accusèrent Théobald-Dillon,

qui les avait commandés , de les avoir trahis. ‘Livrés à d’e-