Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dieux agitateurs , ils eurent la cruauté de massacrer un chef, brave et loyal, qu'ils avaient eu la lâcheté d'abandonner. Une autre attaque qui devait seconder celle-ci, et qui fut confiée au général Biron, fut aussi honteuse pour les armes françaises. Elle était dirigée sur Mons; l'ennemi se présenta à peu de distance, les mêmes cris de trahison se firent entendre, et répandirent le même désordre , la même terreur. Cette défaite fut même un peu plus sanglante que l’autre, parce qu’on s'était approché de plus-près de l'ennemi. Deux ou trois régimens protégèrent la retraite avec une valeur qui pouvait rendre quelque espérance. Cependant le camp du général Biron fut abandonné aux Autrichiens, et l’armée se retira jusque dans Valenciennes.

La nouvelle de ces échecs vint flétrir les espérances prématurées qu’on avait conçues de la valeur française. Le parti constitutionnel les imputa à l'audace présomptueuse du ministre Dumouriez, quiavaitrefusé d’en croire à la vieilleexpérience du général Rochambeau. Robespierre iriompha du premier accomplissement de ses prédictions. Les républicains commencèrent à s’alarmer de l’état d’indiscipline qui régnaït parmi nos troupes; mais en même temps, ils se confirmèrent dans la pensée, que la direction de la guerre ne pouvait plus être confiée à un monarque dont les intérêts les plus pressans se trouvaient liés avec ceux des ennemis. Dès ce moment, ils concurent le projet de le forcer à l’abdication; ils voulurent l’environner de tous les dégoûts et de toutes les terreurs, convaincus que sa faiblesse naturelle lui ferait quitter un trône chancelant et avili. Ils espéraient par-là éviter ladanger d’une attaque, à laquelle ils seraient forcés d’appeler les chefs sanguinaires d’une populace dangereuse. Dans cette pensée, ils rassemblèrent, en peu de temps , tous les genres d’outrages et de menaces.

Ils provoquèrent d’abord la dissolution de la garde constitutionnelle du roi. Déjà ils avaient répandu, dans ce corps, un germe de divisions intestines. Plusieurs des gardes s’étaient rendus délateurs de leurs camarades et de leurs officiers. Toutes les imprudences qui pouvaient échapper à ceux-ci, étaient recueillies avec soin. C'était le ci-devant duc de Brissac qui commandait cette garde: Louis avait en lui un ami plus dévoué que circonspect. Sa franchise le livrait sans défense , à tous ceux qui étaient chargés de surveiller ses pas et ses discours. On répandit, dans le public, que les chefs de la nouvelle garde du roi répétaient les funestes provorations qui furent faites à Versailles dans le trop fameux festin des gardesdu-corps. Les clubs répétèrent cette calomnie , et bientôt elle retentit dans l’assemblée. Pour colorer une demande formellé+

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