Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ment contraire à la constitution, on demanda la dissolution de la garde actuelle du roi, sous la condition qu’elle serait remplacée sans délai. Cette condition fut décrétée, et ne fut point remplie. L'assemblée législative eut peu de discussions plus orageuses que celle-ci: les deux partis se renvoyèrent mille invectives et mille menaces. « Enfin, s’écria Girardin, » c’est donc sans voile et sans obscurité que s'annonce l’in» surrection projetée contre le ffône. On veut lui ôter les » défenseurs que la constitution lui accorde; on. ébranle ses » fondemens, on brise ses barrières, Pourquoi ne nous pré» senter jamais qu'une partie de nos dangers, que les entre» prises d’une faction , deces royalistes furieux et insensés » qu’il serait si aisé de vaincre? Je vois deux dangers, je vois » deux factions : il en est une qui marche à grands pas vers le » régicide. » Les républicains parurent frémir d'horreur à cette expression, et demandèrent que l’orateur fût tenu de justifier son assertion ou de la rétracter. « Je la justifie, reprit x l’orateur, d’après la mesure même qu’on vous propose. J'é» voque ici un souvenir de l’histoire, et je souhaite que sa » frappante analogie vous serve d’un avertissement salutaire. » Oui, je crains qu’on ne fasse un rapprochement de votre » conduite avec celle du parlement d'Angleterre. À une épo» que trop fameuse des révolutions de ce royaume, on licencia » aussi la garde d’un deses rois. Quel sort lui était réservé? » Quelsortréserve-t-on au roi constitutionnel des Français? » L'assemblée décréta, à une faible majorité, le licenciement ui lui était demandé ; et, pour rendre ce coup encore plus terrible à Louis, elle le frappa dans Brissaic, qui fut envoyé à la haute-cour d'Orléans. Louis employa tous les moyens pour . le déterminer à fuir. « Je vous compromettrais, luirépondit-il, « on viendrait me chercher jusques dans votre palais; je ne « puis souffrir que les jours de mon roi répondent des miens. » Il partit, et se rendit aux prisons d'Orléans. Bientôt il n’y eut plus un des conseillers de Louis qui ne fût menacé du même sort. Le comité dont j'ai déjà parlé, et qui était composé de Bertrand, Montmorin et Malouet, s'était vainement entouré de toutes les précautions du mystère. On soupconna, ou on supposa son existence ; et ses -délibérations secrètes furent présentées comme de profonds complots. On inventa, pour le désigner, la dénomination de comité autrichien. D'abord ce fut un journaliste nommé Carra qui fit cette révélation. Les ex-ministres Montmorin et Bertrand qu’il avait nominativement accusés , le‘sommèrent, devant le juge-de-paix Larivière, de soumettre tous les renseignemens qu'il pouvait avoir à cet égard, sous peine d'être poursuivi Comme calomniateur. Carra se contenta de répondre