Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

LEGISLATIVE.. 35 qu'il n'avait rien écrit que d’après les faits qui lui avaient été rapportés par Bazire, Chabot et Merlin , membres du comité de surveillance. Le juge-de-paix vint demander à l'assemblée, quelle conduite il avait à tenir. On lui répondit par un ordre du jour. C'en était assez pour avertir ce magistrat d’une extrême circonspection. Comme si la fatalité eût décidé que la cour devait périr par tous ceux quiavaient intention de la soutenir, le malheureux Larivière commença la procédure par un mandat d'arrêt lancé contre les trois membres du comité de surveillance. L'assemblée s’irrita de voir attaquer , par une autorité subalterne , l'inviolabilité de ses membres. Elle décréta d'accusation l’imprudent juge-de-paix. Il fut envoyé aux prisons d'Orléans... Je frémis chaque fois que j'écris ces mots : envoyé aux prisons d'Orléans. Ce que le journaliste Carra avait. avancé, dans ses feuilles, sur l’existence d’un comité autrichien, Brissot et Gensonné vinrent bientôt l’afirmer à la tribune : ils manquaient de faits, ils abondèrent en suppositionse À ce mot de comité autrichien , les soupçons se portaient natarellement sur la reine. On présumait ses intelligences avec sa famille ; on attendait, avec une ardente curiosité, que Brissotet Gensonné fissent part des découvertes importantes qu'ils annoncaint d’un jour à l’autre. Ils eurent à se repentir de s’être trop avancés : ils répétaient toujourslesmêmes conjectures, et ne pouvaient rien offrir au-delà. Dans l'embarras où ils se trouvaient desoutenir leur accusation, ilscréèrentune maxime qu'on fit entrer dans la morale révolutionnaire. Les conspirations , dirent-ils, ne s’écrivent pas. Depuis, quand Robespierre et Danton les firent condamner comme conspirateurs , le tribunal révolutionnaire leur disait : es conspirations ne s’écrivent pas. Enfin l'assemblée s’importuna d'entendre parler du comité autrichien.

Le parti de la Gironde se détermina à faire attaquer le roë par ses propres ministres. Chacun d’eux agissait séparément , sans soumettre ses travaux au conseil-général. Le roi n’osait demander à ceux-ci compte de leurs opérations; ils ne lui permettaient de suivre son vœu dans aucune affaire; ils objectaient leur responsabilité. Le roi, dit-on, voulait s'opposer au décret qui licenciait sa garde : les ministres déclarèrent qu'aucun d'eux ne contre-signerait l’acte du veto ; il fallut obéir et se taire. Le ministre de la guerre, Servan, vint, peu de jours après, proposer à l’assemblée législative, la formation du camp de vingt mille hommes à Paris. Cette mesure était présentée comme uñ moyen de défense pour l’extérieur; mais il était aisé de voir qu’elle menacait plus la cour que lennemi. Elle fut reçue avec enthousiasme, et'bientôt adoptée. Le roi se trouva dans la position la plus bizarre et la plus dif-

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