Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

238 ASSEMPLEC

» vous y maintenir sur des fondemens plus solides; je le puis, » et peut-être ce bonheur n'est-il réservé qu’à moi seul. Il » fallait tromper vos ennemis, etsurprendre leur confiance; » je l’ai obtenue, et je veux m’en servir pour vous mettre à » l’abride leurs coups. Cessez de leur donner des armes tantôt » par la faiblesse et tantôt par une résistance mal calculée. » Le roi fut ému à ces paroles, et parut s’attacher à l’homme qui . lui tendait encore la maïn dans son naufrage. Dumouriez lui demanda alors différens actes de popularité, qui répugnaient à Louis,ou qu'iljugeait inutiles. H insista fortement surla nécessité de retirer le veto mis sur le décret des prêtres. Louis se tint inébranlable contre cette proposition; mais lui et ses conseils prirent un peu plus d’audace. Il fut convenu, et Dumouriez promit de seconder ces mesures, que le roi refuserait sa sanction au décret du camp de vingt mille hommes. Le zèle ombrageux de Roland s’apercçut de l’intelligence nouvelle, qui se formait entre le roi et Dumouriez. Il vintportersessoupeons. etses chagrins dans lecomité secret delaGironde. Ce fut alors que madame Roland se chargea d’écrire au nom de son mari, une lettre au roi, faite pour le glacer d’épouvante. Elle y prit un accent lugubre et prophétique ; elle se plaisait à accabler un roi de la pitié républicaine : le grief qu’elle exprimait avec plus de force, était le refus de sanction pour le décret des prétres. Elle faisait une longuesortiecontre le fanatisme religieux ; Elle exhalait celui de la liberté. Voici quelques passages de. cette lettre fameuse : « Le salut de l’état et le bonheur de votre majesté sont inti» mement liés ; aucune puissance n’est capable de les séparer. » De cruellesangoisses.et des malheurs certains environneront » votre trône, s’il n’est appuyé par vous-même sur les bases » de la constitution, et affermi dans la paix que son maintien » doit vous procurer. » Ainsi la disposition des esprits, le cours. des choses , les » raisons de la politique, l'intérêt de votre majesté rendent » indispensable l'obligation de s’unir au corps-législatif, et de: » répondre au vœu de la nation; mais la sensibilité naturelle: » à ce peuple affectueux, est prête à y trouver un motif de re» connaissance. On vous a cruellement trompé, sire, quand » on vous a inspiré de l'éloignement ou de la méfiance pour » ce peuple facile à toucher : c’est en vous inquiétant perpé» tuellement, qu’on vous a porté à une conduite propre à l’a» larmerlui-même. Qu'il voie que vousêtes résolu à faire mar» cher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité; et » bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de graces. » La conduite des prêtres en beaucoup d’endroits, les pré» textes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait

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