Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

Et _ ASSEMBLEË

» moyen de constater leurs opinions : si celui-là eût existé, » je ne m'adresserais pas par écrit en ce moment à votre ma » jesté.

» La vie n’est rien pour l’homme qui estime les devoirs au» dessus de tont: mais après le bonheur de les avoir remplis, » le bien auquel il soit encore sensible , est celui de prouver » qu'il l’a fait avec fidélité ; et cela même est une obligation » pour l’homme public. »

Le roi était déjà décidé à renvoyer Servan , Roland et Clavières, quand il reçut cette lettre : leur renvoi leur fut.signifié avec colère. Les trois autres ministres consentaient à rester. Roland se hâta d'en instruire l'assemblée, et ea même temps il lui soumit la lettre qu’il avait écrite au roi. Elle produisit la plus vive impression : on en interrompit souvent la lecture par mille invectives contre la cour: on déclara que les ministres disgraciés emportaient les regrets de la nation: l’effervescence était au comble , quand Dumouriez parut à la barre. Les ré-

ublicains ne virent en lui qu'un perfide déserteur; il reçut

es murmures sans en paraître déconcerté. Déjà le parti de la Gironde songeait à venger autrement que par de stériles regrets, la disgrace des ministres de son choix. On dressa à la hâte le plan d’une insurrection ;on ne la voulait pas sanglante; on ne la voulait pas même décisive. On se garda bien d’y appeler Robespierre, Danton , Collot-d’Herbois, Billaud-Varennes, tous ces hommes qui ne savaient conduire le peuple que vers des massacres. On voulait se servir de la tourbe des jacobins , en l’isolant de ses chefs. La cour était sans défiance; elle ne prenait du moins aucun genre de précaution; on ne voyait, dans les ministres, aucun homme qui pût faire tête à ce nouvel orage. Dumouriez lui-même avait abandonné la cour; il se voyait haï, à-la-fois, et des constitutionnels et des républicains. Le roi se refusait aux demandes qu’il ne cessait de lui faire ; il concut qu’il s'était trompé dans les calculs de son ambition, et qu’il fallait essayer encore de se réconcilier avec le parti donc il s’était éloigné; il donna sa démission.

Le 20 juin , les ouvriers du faubourg Saint-Antoine se rassemblèrent en tumulte; chacun d’eux se disait qu’il fallait s’insurger; personne ne pouvait dire pourquoi. En général, on nentendait alors par insurrection, qu'une longue procession de piques qui, sortie des faubourgs, traversait la ville, en y répandantl’effroi. Les chefs parlaient seulement d'une pétition relative au renvoi des ministres et aux deux veto. Cette bizarre et ridicule expédition était commandée par Santerre, un homme inepte et présomptueux, qui avait une grande faveur auprès de la populace. Toute cette troupe paraissait morne , et montrait peu de furéur. Une immense quantité de femmes