Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

LEGISLATIVE. 2h

marchait avec elle, et y repandait un peu d’agitation. Deux pièces de canon étaient trainées à la tête du cortége.

Cependant la garde nationale se rassemblait avec confusion; nul ordre ne lui étaitdonné pour s'opposer à ce rassemblement; elle savait à peine quel était son commandant ac« tuel. Lesautoritésadministratives délibéraient sur les mesures à prendre ,et n’en prenaient pas. L'assemblée elle-même affectait d'ignorer ce mouvement, et semblait disposée à s’occuper de délibérations peu importantes, lorsque Rœderer, procureur - syndic du département de Paris, vint l'entretenir du. désordre qui régnait dans la capitale.

« Îl paraît, dit-il, que ce rassemblement, composé de per. » sonnes diverses , par leurs intentions, a aussi plusieurs ob» jets distincts. Planter un arbre en l'honneur de la hberté, » faire une fête civique, commémorative du serment du jeu » de paume, apporter à l'assemblée nationale un nouveau » tribut d’hommages et de nouveaux témoignages de zèle pour ». la liberté, tel est certainement le but de la plus grande par» tie de ce rassemblement; mais nous avons lieu de craindre » qu'il ne serve, à son insçu, peut-être, à appuyer, par l’ap» pareil de la force, une adresse au roi, à quiil ne doit en » parvenir, comme à touteautre autorité constituée, que sous » la forme de simple pétition. Les rapports qui nous ont été » faits cette nuit, et qui nous ont occupés jusqu’à cet instant, « donnentde la consistance à ces bruits; une lettre du ministre » de l’intérieur , qui nous est parvenue ce matin, les confirme » encore davantage. Cette lettre nous prescrit de faire mar» cher, sans délai, des troupes vers le château.

». On peut croire aujourd’hui que des hommes armés seras» semblent par un mouvement civique; mais demain, il peut » se rassembler une foule de malveillans, ennemis de la chose » publique, et de l’assemblée nationale. Qu’auriez-vous à leur » dire ? Quel obstacle pourriez-vous mettre à ces funestes ras» semblemens; en un mot, comment la municipalité et nous, » pourrions-nous répondre de votre sûreté, si la loi ne nous » en donnait le moyen, ou si ce moyen était a//aibli dans nos » mains par la condescendance de l'assemblée à recevoir une » multitude armée dans son sein. » La conclusion de ce discours fut très-mal accueillie par les tribunes , et par une pärtie de l'assemblée. Dumolard et Ramond s’indignèrent de ce

ue l'on affectait de voir des pétitionnaires paisibles dans des milliers de séditieux armés. « Fermez-leur, s’écrièrent-ils, » le sanctuaire des lois, ou bien abandonnez-le vous-mêmes. ”» La constitution vous a dit à quels signes vous devez recon» naître une pétition, la raison vous dit à quels signes vous » devez reconnaître une révolte. Quoi ! des hommes armés y | OL

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