Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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» rempliront cette enceinte : vous ignorez quel motif les guide; » si des scélérats ne marchent pas avec des insensés ; et vous » délibérez tranquilles au milieu de cet appareil de tumulte » et de terreur ! Quand il y aurait de la sûreté, il y a du moins » de la honte à les recevoir. Qui de vous garantira les suites » de cette journée ? Quand ils se seront fait ouvrir les portes » de l'assemblée , quelles barrières pourront les arrêter ? » Guadet parut s’offenser des soupçons que l’on répandait sur les intentions du peuple. « Oserait-on encore aujourd’hui, » s’écriait-il, renouveler cette scène sanglante, et à jamais Si » nistre, qui dans les derniers jours de l'assemblée consti» tuante, vit périr desmilliers de citoyens sur ce même autel » de la patrie, où ils renouvelaient le plus saint des sermens ? » Si le peuple est frappé de vives alarmes , est-ce à ses man» dataires à refuser de les entendre ? Les plaintes qu’il vient » nous confier , ne les avons nous pas déjà entendu retentir » d’un bout de la France à l’autre ? Est-ce pour la première » fois , est-ce à Paris seulement, que la conduite du roi, que » la perfidie de ses conseils, inspire des mouvemens d’indi» gnation ? Vous entendrez le peuple s'exprimer avec fran» chise ; mais avec la fermeté calme qui le caractérise L»

C’est ainsi que le parti de la Gironde obtint de l'assemblée législative qu’un rassemblement armé fût introduit dans son sein. L'année suivante, et presque à la même époque ; une armée de pétitionnaires, composée en grande partie des mêmes hommes , vint demander à la convention le supplice de Ver-

niaud, de Guadet, de tous les républicains les plus recommandables, et l’obtint.

Rien de plus vain et de plus dérisoire que la délibération de l'assemblée. Déjà la foule remplissait toutes les avenues de la salle; les insurgens n’avaient trouvé nulle part de l’opposition; leur armée s'était grossie dans le passage d’une foule d’hommes et de femmes qu'ils avaient fait entrer de force dans leurs rangs , et qui contribuaient à répandre la peur dont ils étaient remplis. Ils voulurent bien, cependant, se borner à choisir quelques-uns d’entre eux pour porter leur pétition à l’assemblée. Quoique cette pétition offrît quelques expressions menaçantes , et cette âpreté de langage qui, déjà, formait le style révolutionnaire, on pouvait reconnaître pourtant qu’elle avait été dictée par des hommes qui, en se servant du peuple, se flattaient de le contenir. C’etaient des plaintes sur le renvoi des trois ministres, présentés comme les seuls hommes qui pouvaient sauver la patrie. C'était une grossière dérision du veto, une déclamation contre la cour , les émigrés et les prêtres. Les pétitionnaires demandèrent ensuite que tout leur cortége défilât dans la salle, On n’était, ni dans l'intention, ni

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