Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

LIVRE TROISIÈME.

Te suites de la journée du 20 juin furent, en tout point, fatales au parti de la Gironde, qui avait ordonné cemouvement: on peut même assigner à cette époque, la fin de sa puissance révolutionnaire. Les jacobins crurent que c'était profaner une insurrection, que de ne point l’ensanglanter , et que la majesté de leur peuple avait été compromise par des menaces, sans résultat. Robespierre, indigné de n'avoir point été appélé , apprit de ses rivaux avec quelle facilité le château pouvait être attaqué. Danton et Fabre d'Eglantine promirent à la cour de ruiner tout-à-fait le parti de la Gironde dans l'esprit du peuple. Ils tinrent bientôt parole, mais en même temps ils préparèrent, contre la cour, une attaque beaucoup plus terrible. Cette mésintelligence entre les chefs du parti populaire, et quelques autres circonstances que nous allons rapporter, rendirent de l'énergie aux constitutionnels. Louis était content d’avoir soutenu une épreuve diflcile, sans avoir fait de sacrifices, ni même de promesses. Il n’avait montré un peu de fermeté que dans cette seule occasion: l'on se plaisait à exalter sa conduite; on vantait sa bonté, et il n’était pas besoin de feindre à cet égard. On racontait avec émotion les périls qu’il avait courus, et tous les mots par lesquels il avait exprimé la sérénité de son ame au milieu du tumulte. Quelques actes de vigueur, que lui firent faire ses nouveaux ministres, vinrent entretenir l'opinion plus avantageuse qu’on

voulait se former de son courage. On fit au château quel-

que appareil de défense contre une nouvelle entreprise. Le jardin des Tuileries fut fermé au peuple; on fit paraître des proclamations dans lesquelles on annonçait l'intention de poursuivre les auteurs de l'attentat du 20 juin , et-toutes les mesures nécessaires pour en prévenir un second. La garde nationale murmura hautement, de l’état d’impuissance où elle avait été contenue ; elle fit faire au roi des offres de dévouement. Le roiet la reine applaudirentà son zèle, comme s’ilavait

été déjà prouvé par l'effet. On employa les sains et les ca-}

resses, pour avoir, au milieu de cette garde nationale , quelques compagnies d'élite, sur lesquelles on pourrait compter au jour du danger. Les habitans de Paris crurent avoir à se venger des excès qui avaient été commis sousleur nom; ils en demandèrent la punition dans une pétition qui fut couverte , en peu de jours, d’un grand nombre de signatures. On prétendit;et l’on a toujours répété depuis qu'il y en avait vingt mille.

sosie