Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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LEGISLATIVE. 247

On exagérait; mais il est certain que la moîtié de ces pétition naires si dévoués, eût sufh pour prévenir, et: l'insurrection dont on se plaignait, et celle qui allait bientôt éclater. Le département de Paris destitua de ses fonctions Pétion , comme: ayant évidemment favorisé le mouvement du 2ojuin; presque tous les autres départemens de la France demandèrent la punition des excès de cette journée. Vaines protestations, quine créaient pas un seul moyen de force! signes trompeurs, sous lesquels se déguisatent la faiblesse et la pusillanimité générale. Le roi lui-même était bien éloigné de laisser entrer dans son ame autant de confiance qu’on voulait lui en inspirer, « J’ar » bien vu; disait-il, à un de ses conseillers, qu'ils avaient » l'intention de m’assassiner, etje ne conçois pas pourquoi » ils ne l’ont pas fait; mais je ne l’échapperai pas toujours; ik » ya bien des chances contre moi, et je ne suis pas heureux. » Si j'étais seul, jerisquerais encore une tentative. Oh! si ma » femme et mes enfans n'étaient pas avee moi, on verrait » bientôt que je ne suis pas aussi faible qu’on l’imagine ; mais » quel serait leur sort, sides mesures rigoureuses n'étaient » pas suivies de succès ? » '

On eût bientôt une occasion de mettre à l'épreuve le zèle qu'on affectait de montrer pour le roi. On apprend tont-à-coup. que le général Lafayette a quitté son armée, et qu'il est à Paris On croit d’abord qu’il a soutenu cette démarche hardie en se faisant suivre de près par quelques régimens d'élite, et qu’il vient moins demander la vengeance des attentats du 20 juin, que l'opérer lui-même. Mais il est seul : une faible partie de son état-major l’a suivi. Il vient essayer si la garde nationale parisienne reconnaîtra sa voix. Dans le noment ou chacun. s’épuise en conjectures sur la conduite qu’il va tenir, sur les coups qu’il va frapper, il se présente seul à la barre de l’assemblée nationale, de cette même assemblée où dominent tous ceux qui ont déjà juré sa perte. « Je dois d’abord vousassurer, » dit-il, que d’aprèsles dispositions concertées entre M.lema» réchal Luckner et moi, ma présence ici ne compromet nul» lement le sort de nos armées. Voici maintenant mes motifs. » On a dit quela lettre signée de mon nom , dont il vous a été » fait lectureà une des précédentesséances, n’étaitpas de moi : » d’autres m'ont reproché de lavoir écrite au milieu du camp. » C’estpour répondre à tout, que je suissorti de cet honorable » rempart, où m’entoure l'affection de mes compagnons d’ar» mes, pour me rendre à votre barre. Une raison plus puis» sante encore m’a décidé. Les violencescommises au château, » le 20 de ce mois, ontexcité l'alarme de tousles bons citoyens. » J'ai recu des adresses de différens corps de mon armée. Les » officiers, sous-officiers et soldats , qui ne font qu'un, y ex-