Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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» priment leur patriotique haîne contre les factieux. J'ai cru » devoir arrêter ces adresses par un ordredont je dépose la co» pie sur le bureau. Vous y verrez que j’ai pris l'engagement >» de venir vous exprimer seul le sentiment commun de tous ; » mais je ne puis qu'approuvér le sentiment qui les anime.

» Déjà plusieurs demandent si c’estla cause de laliberté qu'ils

» défendent. Il est temps de garantir la constitution de toutes

» les atteintes qu’on pourrait lui porter, d’assurer la liberté

» delassemblée nationale et du roi, leur indépendanceet leur

» dignité. Je supplie l'assemblée d'ordonner que les auteurs

» et instigateurs des événemens du 20 juin, soient poursuivis

» commecriminels de lèse-nation, de détruire cette secte dont

» les débats publics ne laissent plus de doute sur la perver-

» sité deses intentions. Je la supplie aussi, en mon nom, et en

» celui de tous les honnêtes gens, de prendre des mesures

» efficaces pour faire respecter les autorités constituées, et de

» donner aux armées l'assurance qu'aucune alteinte ne sera

» un jour portée à la constitution, dans l’intérieur, tandis

» qu’elles verseront leur sang pour la défendre contre les en-

» nemis du déhors. »

Le discours de Lafayette fut applaudi par une partie de l'assemblée , et même par des tribunes. Dans le moment où il menaçait, il étaitau pouvoir deses implacables ennemis. Leur audace fut étonnée ; car ils étaient peu accoutumés à en rencontrer dans leurs adversaires. Guadets’éleva-le premier con= tre le général pétitionnaire; il l’attaqua d’une manière adroite, mais les détours artificieux dont ilusaannoncaient qu’ilwosait laisser éclater touteson indignation.On en jugera par ledébut de son discours.« Au moment où la présence de M. La» fayette à Paris m’a été annoncée , une idée bien consolante » est venue s'offrir à moi. Ainsi, me suis-je dit, nous n’avons » plus d’ennemis extérieurs; ainsi les Autrichiens sont vaincus. » Cette illusion n’a pas duré long-temps : nos ennemis sont » toujours les mêmes, notre situation extérieuren’a paschangé, » et cependant M. Lafayette est à Paris. Quels puissans mo» tifs l'y amènent? Nos troubles intérieurs? Il craint donc » que l’assemblée nationale n’ait pas assez de puissance pour les réprimer ? » L’orateur conclut par demander qu’on prit des informations sur le congé accordé à Lafayette par le ministre de la guerre. Ramond rappela les services rendus par Lafayette, qu’il appela le fils aîné de la liberté. « Loin de voir » en lui, s’écria-t-il, un général factieux ou usurpateur, ren» dez-lui grace des soins qu’il a pris pour enchaîner l'indi» gnation de son armée. C’est lui seul qui arrête aujourd'hui » un Mouvement impétueux, dont les suites eussent pu être » funestes. Ecoutez, avec respect cette voix que la France

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