Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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» est accoutumée à reconnaître dans les moméns difficiles. » Puisse chacun de nous, être aussi fidèle que lui-même au 5 serment de maintenir la constitution! » Ramond demanda que la pétition du général fût renvoyée au comité, pour qu'il s’occupât de remédier aux causes de désorganisation que le général dénoncait. Cette motion l’emporta sur celle de Guadet, à une majorité de trois cent trente-neuf voix contre deux centtrente-quatre. Quelque léger que fût ce triomphe, il était nouveau pour le parti constitutionnel. La peur qui avait fait déserter ses rangs, venait, dans ce moment, les renforcer. Les variations et les faiblesses de l'homme le plus irrésolu , ne sont qu’une faible image de celles d’une assemblée politique. Chacun crut que Lafayette, après avoir bravé ses ennemis, allait les terrasser; tel était le but de sa démarche. Il se rendit au château des Tuileries : il y reçut quelques témoignages affectés de bienveillance de la part du roi et de la reine; mais la cour laissait encore entrevoir beaucoup d’éloignement pour celui ‘qui s’offrait comme ‘son libérateur; elle chercha à traverser son entreprise. Vainement le parti constitutionnel s’agitait de tous côtés pour exciter la gardé nationale à se présenter à Lafayette ; elle était morne et silenciense,

Ce n’était plus celle du Champ-de-Mars ; c'était celle du 20 juin. Quand Lafayette retourna le soir dans sa maison, on le reconduisit avec quelques acclamations triomphales. Un petit nombre d'officiers de son armée, deux ou trois cents gardes nationaux formaient tout son cortége , vainement grossi par quelques curieux. Lafayette montrait de la satisfaction sur ses traits, mais le désespoir était au fond de son ame. S’il avait vu, dans la garde nationale, plus d’empressement à le suivre, son dessein était de marcher sur-le-champ contre les jacobins, de les dissoudre, et de fermer, avec ignominie, le lieu de leurs séances. Ceux-ci délibéraient avec inquiétude ; le peuple sur lequel ils comptaient les abandonnait à eux-mêmes. Robespierre était rentré dans toute sa lâcheté naturelle, et s’abandonnait à une longue déploration des maux de la patrie. Leurs alarmes ne se réalisèrent pas : au moment où quelques officiers parlèrent de marchér contre eux, le cortége de Lafayette se dimminua sensiblement. On répétait plus faiblement, et d’une voix moins assurée, ces inutiles cris: à bas Les jacobins ! Lafayette resta encore quelques jours à Paris, et trouva même tiédeur parmi ses partisans, même stupeur parmi ses ennemis. Plusieurs fois on indiqua aux gardes nationales des points de rassemblement ; ceux qui avaient le plus formellement promis de s’y rendre, ne s’y trouvaient pas, ou y arrivaient découragés. La cour entretenait elle-même cet état de langueur, en montrant, ou en feignant un eutier désespoir. Lafayette, après

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