Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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partis se renvoyaient continuellement, quoiqu’elles fussent sans réalité. Qu’y a-t-il de plus chimérique, disait-il, que la pensée qu’on suppose à certains membres de l'assemblée , de vouloir établir une république ? Quoi de moins vraisemblable, d’un autre côté, que la pensée que ceux-ci supposent à leurs adversaires, de vouloir enfreindre la constitution pour établir deux chambres ? Il est un moyen d’écarter ces funestes nuages, c’est de frapper d’un égal anathême lun et l’autre de ces projets. À peine cet orateur de paix avait-il parlé, que la salle retentit des sermens qu’il avait proposés. La république fut désavouée solennellement, par tous ceux qui l’établirent un Mois après, et qui n’eurent jamais un autre but. Ils aimèrent mieux faire cette vaine protestation, que de compromettre leur plan par une résistance qui eût été un aveu. Comme il faut toujours , en France, avoir de l'enthousiasme ou en feindre, les deux partis franchirent la barrière par laquelle cette assemblée était divisée , ainsi que l'avait été l'assemblée constituante , en un côté droit et un côté gauche. Les orateurs habitués à se dénoncer, à se diffamer tous les jours , coururent dans les bras l’un de l’autre ; la haîne donna et recut les embrassemens de la haîne. Les tribunes elles-mêmes , les terribles tribunes, cédèrent un moment à cette ivresse. On proposa de faire jouir Le roi du tableau d’une réconciliation qui allait calmer toutes ses sollicitudes. Quelque empressement qu’il mit à venir contempler ce spectacle, il arriva à peine assez tôt pour ne pas trouver le prestige entièrement dissipé. 11 parla avec émotion, fut écouté avec quelque intérêt; et le soir, Comme pour donner un gage de la réconciliation universelle, il fit ouvrir le jardin des Tuileries, qui était fermé depuis la journée du 20 juin. Mais bientôt les menaces accoutumées vinrent dissiper ce rêve d’un moment. Dans cette même soirée, l'assemblée se réunit, et porta, dans ses discussions, à peu près la même animosité qui y régnait ordinairement. Lé Iendemain , il ne restait plus, de cette réconciliation, qu’une stupéfaction commune de la part des deux partis, de s’y être prêtés.

Les nouveaux ministres, qui n’avaient point désespéré de servir le roi, après la journée du 20 juiu , étaient en butte à des dénonciations continuelles ; présage assuré du décret d’acCusation. Leur situation les épouvanta , ils donnèrent leur J démission tous à-la-fois. Louis abondonné au milieu de l'orage, eut peine à trouver des hommes assez dévoués pour accepter ce périlleux emploi; il parvint cependant à se recomposer un ministère à force de sollicitations.

Quoique les ennemis de la cour fussent, à ce moment même, fortement occupés de leurs divisions intestines , il régnait ce.