Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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“existaient dans cette contrée. Les constitutionnelsetlesjacobins

se réunirent contre lui; il ne tarda point à être enveloppé, et périt ainsi que ses principaux complices.

Tous ces mouvemens ajoutaient à la sombre disposition des esprits. ‘Cependant les conjurés contre la cour à prêts à lui porterle dernier coup, se déconcertaient à chaque instant. A force d’entretenir le peuple des formidables mouvemens d’armes qui se préparaient au château des Tuileries, leur imagination en était ébranlée, Ils croyaient aux fantômes créés par leur poiitique artificieuse.

Les chefs des jacobins se réunissaient à Charenton , pour se décider surle jour et les mesures del’insurrection. Robespierre se rendait avec mystère aux conciliabules des conspirateurs, y parlait avec timidité. Il étudiait l’art de profiter de la victoire , et laissait à d’autres le soin de la préparer. Danton, Collot-d'Herbois, Billaud-Varennes, d’autres hommes qui ont acquis une célébrité aussi odieuse que ceux-ci, disposaient le mouvement; mais aucun d’eux ne s’offrait pour commander l’attaque. Ils s’arrêtaient presque toujours à ce mot : que ferons-nous , si la cour nous résiste ? Ils n’avaient pas assez de confiance dans les talens militaires et la valeur de Santerre pour lui confier cette entreprise. Danton leur présenta enfin un homme fait pour dissiper toutes leurs alarmes; c'était Westermanp, qui depuis a signalé sa bravoure, ses talens et sa férocité dans laguerre de la Vendée, et qui asuivi Danton à l’échafaud. Il leur offrit un plan d'attaque qui fut vivement appuyé par les chefs de la légion marseillaise. Ceux-ci répondaient de leur petite troupe ; maïs la multitude parisienne qu’il fallait employer, était méprisée par ceux mêmes qui la dirigeaient. On ne la trouvait point encore suffissamment remplie de l’enthousiasme révolutionnaire; on s’indignait de ce que des hommes du peuple demandaïent encore quelquefois quel prétexte on avait pour l'insurrection. Eh bien !'s’écria un jour Ghabot, au milieu d’une délibération des conjurés , ils veulent un prétexte, ma mort peut le leur fournir. On l’écouta avec étonnement. « Oui, répondit-il, le moyen est tout simple. Jeme trouverai pendant la nuit dans une rue détournée ; que quelquesuns de vous s’y rendent en même temps, qu'ils attendent mon signal, qu'ils me tuent ; que sur-le-champ on répande parmi le peuple que la cour a payé des assassins pour immoler un député patriote ; que mon corps sanglant soit porté dans tons les liéux publics : la vengeance éclate sur-le-champ, le peuple est rempli de fureur, l'insurrection se décide, et le château des Tuileries est abattu. » Sans douteles complices de Chabot crurent qu’un tel sacrifice n’était pas nécessaire pour acheter Îa victoire; son dévouement ne fut point accepté, On ne con-