Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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naîtrait pas nn trait de fanatisme plus étonnant que celui-Hà ; s’il eût été sincère : c'était vouloir acheter par sa mort le droit de calomnier son ennemi. Mais tout porte à croire que Chabot avait compté d'avance sur le refus de ses complices. C'était un ex-capucir, qui joignait aux mœurs les plus honteuses , une ame sordide et vénale.

La conjuration touchait à sa maturité, et cependant elle échoua trois fois , ear elle dût éclater le premier, le 4 et le 5 août. Les circonstances qui occasionnèrent ce retard, sont peu importantes à rapporter. ‘ Vel :

La course croyait instruite de ce qui se passait entre Les conjurés; mais elle ne recevait à cet égard que de perfides confdences. Quoique les girondins ne fussent point appelés à ces délibérations, ils n’en ignoraient cependant pas les résultats. Els ne songèrent plus à arrêter le mouvement, et peut-être cela n'était-il plus en leur pouvoir. Ilsrésolurent, enle laissant écla-. ter, de s’en rendre les modérateurs et les maîtres; la destinée. ‘trahit ce vœu. Elle vint aussi offrir aux chefs de l'insurrection le prétexte qu'ils attendaient, Depuis plusieurs jours , l’assemblée législative ne s’occupait plus que du décret d'accusation . contre Lafayette : à cette décision était attaché le sort de la royauté consiitutionnelle , dont il était le dernier soutien. Ses. partisans redoublèrent de zèle dans cette discussion importante. En montrant en lui un homme qui sagrifiait tout au désir de maintenir ses sermens, ils rappelaient l'assemblée au souvenir des siens. Chaque jour, on s’apercevait que la majorité, épouvantée de la direction qu’elle avait suivie jusqueà , faisait effort pour rentrer dans l’ordre constitutionnel. Les. girondins qui l'avaient si long-temps dominée, commencaient à la trouver indocile. Vaublane, Ramond , Dumas, Girardin, Beugnot, Dumolard ; tous ceux enfin qui défendirent Lafayette, eurent à braver, pendant le cours de cette longue discussion, les insultes journalières et même les violences des hommes armés et des femmes furieuses , qui peuplaient les tribunes et les groupes. Les girondins s’indignèrent de la résistance qu'ils éprouvaient, et se montrèrent alors aussi violens que les jacobins eux-mêmes. Brissot venait de faire entendre contre La: fayette la même voix qui avait conduit Delessart à Orléans. La discussion se ferme après lui, et Lafayette est absous par une forte majorité. On invoque cet appel nominal , qui , dans des temps de troubles et de terreur, offrait aux hommes pusillanimes , la crainte de placer leurs noms sur une liste de.proscrits. On y procède, et à l’étonnement commun du parti vainqueur et du parti vaincu, 446 voix prononcent contre 224, qu’il n’y a pas lieu à accusation. Ce décret fut rendu le 8 août. Âu moment où les députés sortaient , plusieurs de ceux qui