Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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partie de la nuit à observer autour du château; ils étaient armés de pistolets et d'épées, ce qui ne devait point les faire remar-

uer; car peu de citoyens étaient sans armes. Une patrouille d gardes nationales les arrête, les interroge, les enferme dans un corps-de- garde. La foule se presse à} la porte, et demande qu'ils soient livrés. Ils étaient au nombre de dix-sept : onze d’entre eux , favorisés par ceux mêmes qui les gardaient, parviennent à s'échapper par les fenêtres, Une femme, ivre de fureur, se présente : elle porte deux pistolets à la ceinture ; on reconnaît en elle une fougueuse aventurière de la révolution É qui déjà avait paru à la tête des assassins, dans la nuit du 6 octobre : elle se nommait Théroigne de Méricourt. Elle pénètre au comité; le peuple veut, dit-elle, qu'on lui livre ces scélérats. Un officier municipal s'efforce en vain de les soustaire à la troupe homicide : déjà on les entraîne; deux s’échappent encore au milieu du tumulte, les quatre autres sont massacrés. L'implacable furie déchire de ses mains un jeune homme nommé Suleau, dont la plume satyrique avait souvent répandu sur elle le ridicule et l'horreur, On porte sur des piques la tête de ces malheureux.

Presque en même temps, Mandat fut frappé du coup mortel. Nous avons vu qu'il était d'avis de ne point laisser commencer aux insurgens leur attaque. On intercepta un ordre qu'il faisait donner à différens postes d’intercepter la communication entre les insurgens , par les ponts. Cet ordre fut porté à la municipalité; elle somma le commandant de la garde nationale de se rendre sur-le-champ à l’Hôtel- de-ville. C'était priver le château de l’homme qui lui était le plus nécessaire; Mandat fut sans défiance, il se rendit à cet ordre. Les officiers municipaux n'avaient eu d'autre objet que d'empêcher l’effusion du sang ; ils espéraient , ou que l'insurrection n’en ferait pas répandre , ou qü’elle pourrait encore se calmer. Déjà ils s’occupaient de sauver Mandat; il sortait libre de l'Hétel-deville, lorsque tout-à-coup entre une nouvelle municipalité qui venait expulser celle-ci. Son premier acte est d’arrèter Mandat; le second est de le faire massacrer sur les marches de l'Hôtel-de-ville. On dépouille son cadayre , on visite ses papiers , on y trouve l’ordre signé, par Pétion, de repousser la force par la force. Pétion arrive peu de temps après , la nouvelle commune qui déjà a juré sa perte, se garde bien en ce Moment d'attaquer sa popularité. Elle dissimule , elle le com-

€ de témoignages d'intérêt ; elle feint de craindre qu'un homme si précieux r’ait encore des dangers à courir; et sous ce prétexte elle le condamne à l’inertie , elle le tient prisonnier.

Cette subite création d’une nouvelle commune, était l'ouvrage de Danton et de Robespierre : ils avaient eu soin de la