Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
LEGISLATIVE, 271
composer d'hommes qui avaient avec eux une sinistre analogie, Is avaient couvert d’un si profond secret cette combinaison, que les girondins ne purent en avoir connaissance ; ni prévenir l'existence du pouvoir monstrueux qui devait les anéantir, La nouvelle commune agit et parle en Souveraine; elle concentre, elle régularise tous les mouvemens de l'insurrection: Quand elle apprit que le roi avait été chercher un refuge au milieu de l'assemblée, elle s’indigna de ce que sa proïe lui était ravie, et elle pressa l'attaque avec plus d'activité. Déjà tout s’ébranle, tout est en marche; les marseillais sont à la tête des immenses colonnes de l'insurrection. Les volontaires de Brest marchent après eux; cette troupe est animée du même esprit; mais elle à moins de férocité dans son courage que lés marseillais. Quelques autres compagnies de fédérés lés suivent; le reste de cette armée n'offre qu’une multitude sans ordre , etquis’embarrasse dans tous ses mouvemens. Elle ‘n’a Pour armes que des piques, terribles après la victoire, mais inutiles dans le combat. La véritable force des assäillans consiste dans leurs canons. Depuis le 14 juillet chaque section de Paris avait voulu en avoir. Plusieurs jeunes gens avaient acquis une assez grande habileté dans cet exercic+; Pétion avait composé ün corps de canonniers , qui, depuis plusieurs mois, était imbu des maxi= mes de l'insurrection, et qui fit long-témps la terreur de la ca= pitale. . Les insurgens avaient rencontré, au Pont-Neuf, un poste qui avait tenté un moment de mettre obstacle à leur passage : cette tentative mal soutenue coûta la vie au commandant de ce.poste, nommé Carle. La marche fut rapide; elle était ani mée par ce chant de guerre qui fat nommé l’hymne marseillaise. En s'approchant du château, les insurgens trouvèrent au Carrouzel plusieurs bataillons qui les attendaient, impatiens de se joindre à eux. Le départ du roi avait rendu incértains ceux mêmes qui étaient arrivés, avec l'intention de le défendre. Les gendarmes étaient en vain retenus et sollicités par leurs chefs ; ils éclataient en discours mMmenacans contre la cour, et s’annoncaient déjà comme les auxiliaires dés insurgens. Enfin, trois cents suisses et trois cents grenadiers qui avaient accompagné le roi à l'assemblée, avaient beaucoüp affaibli la défense du château. Cependant ce qui reste des suisses s'offre encore, rangé devant l'escalier du château, ét fait craindre une vive résistance. À neuf heures du matin, lés'portes sont forcées, et la multitude se répand dans lés cours. Les premiers faits qui décidèrent l’aftaque restent encore voilés pour l'histoire. Suivant les assaillans , les Suisses usèrent de laplus grande perfidie. Ils parurent bien récévoir les députés qui venaient leur offrir de fraterniser; ils agitaieut leurs bonnets en signe