Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
256 | ASSEMBLEE
distingués de l'assemblée constituante, Clermont-Tonnerre: Il fut reconnu, assailli, égorgé au moment où il rentrait chez lui. Le coup quile frappa sembla être le prélude de la fauxterrible qui allait moissonner les hommes qui étaient l'honneur de leur patrie. ‘
La nuit seule put mettre fin à ce cours de vengeances et d’atrocités. Les girondins qui avaient eu, avant et pendant le combat, une inertie calculée, s’inquiétèrent des suites dela victoire. Hs s’efforcèrent de conserver de l'indépendance et de la dignité à l'assemblée législative. La nouvelle commune leur envoyait sans cesse des pétitionnaires impérieux, qui s’indignaient de ce que l’on avait prononcé, non la déchéance, mais lasuspension de la royauté. L'assemblée ne sortit point ce jour-là des limites qu’elle s’était imposées.
Le lendemain, 11 août, les Parisiens sortaient en foule pour. venir observer le théâtre ensanglanté ‘et fumant encore du combat de la veille. La peur dont chacun était affecté, créait une indignation hypocrite contre les crimes et la perfidie de la cour. On portait des secours aux blessés ; on décernait des, honneurs et des couronnes aux marseillais, aux fédérés; on répétait avec eux leurs chants de guerre. Cette feinte unanimité de sentimensn’empêchait pas qu’on ne parlât d’exterminer tous ceux qui avaient été signalés comme royalistes ou comme constitutionnels. Le 10 août n'avait vu que la suspension du roi; le 11 août prononça, par le fait, Pabolition de la royauté, Une foule immense se porta dans les places publiques où s’élevaient les statues de Henri IV, de Louis XHI, de Eouis XIVet de Louis XV. On détruisit avec fureur ces monumens ,et l’on commença la longue guerre que la barbarie a faite parmi nous aux beaux-arts. Le bronze fut destiné à faire des canons; la statue de Henri IV ne put être protégée par l'antique amour du peuple; la hache parricide abattit l’image d’un bon roi, d'un grand homme. Les attributs de la royauté furent effacés de tous les lieux publics, et proscrits dans toutes les maisons particulières.
Louis et sa famille restèrent près de deux jours entiers dans la tribune du Logographe. Le Luxembourg avait d'abord été désigné pour les recevoir. La commune s’éleva contre cette disposition ; l'assemblée n’osa la maintenir, et la famille royale fut conduite au Temple, avec une forte escorte. Le peuple vint avec une curiosité avide, l’observer à son passage ; mais la terreur avait déjà tellement glacé tous les cœurs, qu’un si déplorable spectacle des coups de la destinée, n’excita que la pitié la plus timide. L'assemblée nationale qui voulait faire grace aux vaincus, fut à chaque instant détournée de son Vœrtt.. On lui apportait une foule de pièces trouvées au châtean, on