Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

LÉGISLATIVE, 28r

au peuple, il sent ses droits et brûle de les exercer ; votre faiblesse en serait la seule cause. Vous parlez, législateurs , de mettre en jugement les conspirateurs du 19 août; c’est trop restreindre la vengeance nationale. Les conspirateurs ont-ils de attendu ce jour pour verser le sang du peuple? Le supplice des uns n’estrien quand il y a impunité pour les autres. ils sotent jugés tous ; mais par des juges créés pour les circons… lances. »

Ainsi , déjà la penséede ce monstre semblait embrassertous les crimes dont, pendant deux ans, lui et les siens couvrirent la France. Il demandait à l'assemblée que tous les conspirateurs de toutes les époques de la révolution, fussent jugés souverainement et en dernier ressort par des commissaires pris dans chaque section. .

L'assemblée frémità-la-fois et de ces propositions, et de tous les moyens de terreur qu’on disposait pour les soutenir : elle délibéra sur la formation d’un tribunal extraordinaire. Les girondins s’élevèrent contre les assassinats qu’on voulait lésaliser ; ils invoquèrent l'institution des jurés; ils voulurent , et ils obtinrent, avec beaucoup de peine, qu’on en censervät quelque faible image dans ce tribunal, premier modèle de tant-. de tribunaux sanguinaires qui ont dépeuplé la France des hommes les plus recommandables. Robespierre en fut nommé président; il refusa d’y siéger en disant, lui qui provoquait tous les assassinats, qu’un emploi si rigoureux répugnerait trop à son ame philantropique. Il s'était lié plus intimement que jamaisavec Danton. Celui-ci, incapable de discerner nulle

art l’image de la vertu, croyait en avoir vu dans Robespierre.

l espérait le subordonner toujours à ses plans, à son ambition; l’hypocrite désintéressement de Robespierre trompait Danton lui-même. Bientôt il se présenta un troisième person nage, qui entra en quelque sorte de force dans cette horrible alliance : c'était Marat. Après le 10 août, il s’élança de son souterrain , et vint figurer à la tête des vainqueurs. La nature semblait avoir écrit sur ses traits hideux : fyez ce monstre. Depuis trois ans, ses feuilles atroces étaient un poison jour nalier pour la portion du peuple la plus ignorante, la plusportée à tous les excès. Lafayette l'avait vainement fait poursuivre; depuis les girondins l'avaient vainement fait décréter d'accusation, Renfermé dans un caveau, c’est delà qu'ilcomptait et qu’il augmentait sans cesse le nombre des victimes à sacrifier à la révolution. Ilavaitécrit sous inspiration de Danton et de Robespierre; il ne louaitqu’eux, ilse regardait comme l’auteur de leur puissance; il voulut la partager. Il proposa l’établissement légal d’un triumvirat; ceux-ci rougissaient d’un tel associé, et s’en servaient encore, Cependant Danton avait

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