Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

fa . ASSEMBLEE

fait des promesses à d'Orléans. Le moment était venu de les accomplir; mais Danton alors étaittrop occupé de son ambition, pour servir celle d’un autre. D'Orléans, sans être convaincu que tous les crimes projetés serviraient à son élévation, fut porté par le penchant de son ame, à se dévouer à la faction la plus vileet la plus odieuse. Déjà le nouveau tribunal était en fonctions. On traduisit devant lui Laporte, intendant de laliste civile, accusé d’avoir payé des jeurnaux, placards et pamphlets anti-populaires : il futcondamné.C'étaitun vieillard recommandable parles vertus les plus pures : lorsqu'il entendit son arrêt, le seul sentiment qu’il témoigna d’abord , fut l’étonnement. Il s’adressa ensuite au peuple, et dit ces mots : « Citoyens, puisse ma mort ra» mener le calme dans l’empire! puisse-t-elle mettre unterme » aux dissentions intestines! puisse l'arrêt qui m'ôte la vie, » être le dernier jugement injuste de ce tribunal! » Le président lui repondit en ces termes : «M.Laporte , le tribunal par» donne à votre situation, il respecte le malheur; mais il croit » devoir vous observer que votre jugement a été rendu par » des hommes justes qui auraient voulu vous absoudre. » Le euple parut plaindre ce vieillard qui montra, en allant à Véçhafaud, la sérénité de l’homme religieux. Le tribunal jugea ensuite Durosoy.C’était l’auteur d’unjournalouvertement ‘contre-révolutionnaire : il avait consacré son médiocre talent à rendre à la noblesse francaise des sentimens chevaleresques. Ilavait prêéché la fatale émigration, comme de pieux solitaires avaient jadis prêché les croisades. Son journal insensé trouvait des lecteurs plus insensés encore : au reste, nulle loi n'existait encore contre les abus de la liberté de la presse. Les républicains la proclamaient et l’exerçaient dans le sens le plus illimité. Il s’écria, quand on lui prononca sen arrêt : « Il >» est beau, pour un royaliste comme moi, de mourir le jour de » la fête de Saint-Louis. » Sa fermeté parut se démentir un moment, lorsqu'on le conduisit au supplice. Il ne cacha point qu’il s’occupait de la douleur d’une amie qui allait lui survivre : elle ne lui survécut pas. Le désespoir lui donna la mort, 1e lendemain du jour où elle apprit celle de Durosoy.

Ces différentes condamnations se prononcçaient à quelques intervalles. Le tribunal semblait effrayé de ses terribles forctions : il mettait de la lenteur ou de la précipitation dans ses jugemens, selon que les cris du peuple ou les ordres de la commune le pressaient plus ou moins. La politique semblait dicter quelque réserve à l’égard des officiers suisses. On avait à craindre que leur nation, déjà plongée dans le deuil par la journée du 10 août, ne cédât à son indignation, en voyant suivre le ceurs des proscriptions judiciaires contre ceux qui avaient