Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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‘justifier les promesses et les espérances des émigrés. Lukner n’osait exposer à l'ennemi une armée très-faible, et qui n’avait encore ni organisation ni discipline. Il ne pouvait s’asseoir dans aucune position; il fut forcé, dans le camp de Fontoi, et il courut chercher un refuge sous les canons de Metz. Une partie de la frontière se trouvait ouverte par cette retraite précipitée, Longwy fut investi. Cette place, si elle eût été bien défendue et bien pourvue, pouvait arrêter quelque temps l’ennemi. Elle se rendit après deux sommations, et après quinze heures de bombardement. On accusa de trahison les habitans

: de cette ville, qui, effrayés de l'incendie de quelques maisons, s’assemblèrent pour demander à l'état-major de la place qu’on ouvrit les portes au roi de Prusse. On accusa également Louis dans son procès, d’avoir laissé Longwy, dépourvu d’approvisionnemens et de munitions, et c’est un des griefs articulés däns son jugement. Par une contradiction frappante, Lavergne, commandant de Longwy, fut condamné comme ayant livré, sans résistance, une place bien pourvue et bien approvisionnée. Le roi de Prusse en prit possession, au nom de Eouis XVI; et ne doutant plus que toutes les villes allaient le recevoir avec le même empressement ; il détacha un corps de 15 mille hommes, pour fairele siége de Thionville, et se porta avec rapidité sur Verdun. Le corps de Clairfait se détourna sur Stenai, et s’en empara. Le territoire francais était investi, et les armées françaises ne faisaient aucun mouvement. On ne pouvait point espérer que Verdun retarderait long-temps la marche du vainqueur. Sa reddition fut aussi prompte, mais plus excusable que celle de Longwy. Au sortir du conseil de guerre, le commandant de Verdun, Beaurepaire, se donna la mort, -

À mesure que ces nouvelles désastreuses parvenaient à Paris, le peuple était toujours plus furieux dans sa terreur. L’assemblée rendait des décrets de colère contre les habitans de Lonwy; elle vouait cette ville à l’exécration des Français; elle ordonnait que ses murs seraient démolis, dès qu'elle serait reconquise; elle prononcçait les peines les plus terribles contre tous les militaires et tous les habitans des villes qui suivraient cet exemple. Le besoin qu'on éprouvait encore de se flatter, faisait quelquefois atténuer les revers, on supposer de fausses victoires. La vérité, quand elle était reconnue, n’en était que plus affreuse à soutenir. Robespierre, Danton, la commune de Paris, voyaient, dans ces défaites, un moyen de triompher des rivaux qu’il leur restait encore à abattre. Ils se plaisaient à répandre que les girondins voyaient avec indifférence l'en" nemi marchant sur Paris, que leur projet était de se retirer au-delà de la Loire, pour y fonder des républiques indépen-