Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

LEGISLATIVE. 285

dantes, dont chacun d’eux serait dominateur. Cette accusation, qui servit de prétexte à tant de crimes, et qui fut long-temps dévéloppée dans l’exécrable et stupide roman du fédéralisme, était fondée sur quelques mots échappés ou attribués aux chefs principaux du parti de la Gironde. La ressource extrême de se retirer au-delà de la Loire, s'était souvent présentée à leur imagination; ils croyaient voir plus d'énergie républicaine daws la partie du midi, que dans celle du nord; mais il n’en étaient pas moins résolus à se défendre auparavant dans Paris même, si l'ennemi poussait jusque-là le cours de ses conquétes. La commune se plaignait encore de la marche lente et incertaine du tribunal chargé de punir les conspirateurs ; elle dénonçait à chaque instant millenouveaux complots, dont elle plaçait le siége dans les prisons, et semant par-tout les défiances, les calomnies, elle se disposait à l'exécution du plus épouvantable massacre.

Les girondins, qui avaient si souvent entraîné l'assemblée contre son vœu, lorsqu'il s'agissait d’attaquer la cour,ne pouvaïent plus maintenant obtenird’elle des mesures vigoureuses contre la commune de Paris, qu’elle haïssait, mais qu'elle redoutait encore davantage. Déjà le ministre Roland était menacé hautement de la proscription. La commune ne conservait à sa tête Pétion que pour l'avilir et pour l’enchaîner. Elle annonçait l'intention de faire poursuivre, comme des traîtres, Vergniaud, Guadet, Gensonné et Brissot. Déjà même elleavait Jancé un mandat contre ce dernier. Elle avait fait saisir ses presses, et arrêter son collaborateur Girey-Dupré.

Rien ne pouvait faire sortir l’assemblée de sa langueur et de sa pusillanimité. Ses séances étaient presque désertes ; les députés constitutionnels n’échappaient à la proscription , que parce qu'une haîne plus vive s’attachaït maintenant au parti de la Gironde. L'assemblée parlait sans cesse de réprimer, et ne réprimait jamais les entreprises de la commune; et tous les jours, elle lui fournissait les moyens de consommer ses horribles projets. C’est ainsi qu’elle ordonna des visites domiciliaires, dont le prétexte apparent était d'aller chercher des armes chez tous les particuliérs. La commune en profita pour faire entasser dans les prisons ceux qu'elle voulait y faire égorger. Nuit de terreur, qui fut le prélude de plusieurs jours de sang! Chaque maison, dans une ville immense, est visitée. Les citoyens tremblans vont prendre une arme; pour venir porter l’épouvante dans leurs propres foyers. Les barrières sont fermées; Paris contemple avec effroi les murs dont le régime fiscal l’avait fait entourer , et qui bouchént aujourd’hui toute issue à tant de malheureux réservés pour la mort. De porte en porte, ils vont cherchér des amis sensibles et courageux qui veuillent bien s'associer à leurs dangers. Ici, ils sont rebutés ;