Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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là, le zèle le plus héroïquene peutleur procurer que d’affreu: sesretraites. Ils restent oppressés, étouflés sous des matelats, derrière des cloisons , dans l'intérieur des cheminées. O combien, durant ces terribles heures, éclatèrent à-la-fois de traits. de perfidie , de traits de dévouement ! Les. femmes, les femmes. sur-tout s'élèvent au plus haut degré d’intrépidité, pour sauver les êtres qui leur sont chers. Les unes font trembler les. plus féroces inquisiteurs , en leur commandant de respecter leur asile; les autres lestrompent par de sublimes mensonges. Tantôt la destinée vient trahir les plus sages précautions ; tantôt elle prodigue les miracles poursauver quelques malheureux qui auront encore d’autres dangers à courir. La commune compte ses. victimes, et frémit encore de ce que quelquesunes lui soient échappées.

Enfin, lassembléene peutplus douter des crimes qui se préparent. Elle voudrait anéantir une commune que, chaque jour , sa faiblesse a rendue plus terrible. Il est trop tard; au

. moment où elle menace , elle fait trop connaître qu’elle tremble. Vergniaud et Henry-Lariviere font en vain: le tableau des usurpations de la commune; l’assemblée. se borne à lui faire une injonction d’être plus circonspecte sur les mandats d’amener, et à mander son président à la barre. Cet acte ne parut à Robespierre, à Danton, qu’un avertissement de frapper des coups qui missent sous leur dépendance une assemblée à laquelle ilne manquait que du courage pour leur-résister.

Le 31 août, plusieurs des commissaires de la commune paraissent à la barre. Pétion est à leur tête, non plus ce Pétion. triomphant, objet de tant de folles et de perfides acclamations. Il'esttoujours, depuis le roaoût, le prisonnier dela commune ; elle lui commande de venir sanctionner les actes qu’il déteste le-plus. Triste, abattu, il dit quelques mots insignifians, et cède la parole à Tallien, dont le discoursest trop nécessaire à Fhistoire pour qu’on puisse lomettre ici.

» Léoislateurs, les représentans provisoires de la commune de Paris ont été calomniés; ils ont été jugés sans avoir été en-

. tendus, ils viennent vous demander justice.

» Appelés par le peuple, dansla nuit dug au r0, pour sauver la patrie, ils ont dû faire ce qu'ils ont fait. Le peuple n’a pas limité leur pouvoir; il leur dit : Allez, agissez en mon nom, et j'approuverai tout ce que vous aurez fait.

» Nous vous le demandons, messieurs, le corps-législatif n'a-t-il pas long-temps été environné du respect des citoyens de Paris? Son enceinte n’a été souillée que par la présence du digne descendant de Louis XI, et de l’émule de Médicis. Ces tyrans viventencore , n'est-ce pas au respect du peupie pour assemblée nationale, qu'ils en sont redevables’? Vous ayez applaudi vous-mêmes à ioutes nos mesures.