Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
288 ASSÉMBLEE
Les hommes du 10 août ne veulent que la justice et qu’obéir à la volonté du peuple. »
À chaque mot de ce discours , la crainte et la consternation descendent au fond des cœurs: Cependant un horrible tumulte règne à l'extérieur; tout retentit d’imprécations contre l’assemblée nationale. On entend, au milieu du bruit; percer ces cris ‘rédoublés : Z’ive La commune ! vivent nos bons commissaires ! nous voulons les voir et les défendre, ils courent des dangerss Bientôt les tribunes font tonner leurs menaces surl’assemblée, qui est assiégée de toute part. La foule pénètre dans son enceinte; la journée du 20 juin lui en avait tracé le chemin. Un d’eux s'exprime en ces termes d’une mémorable imprudence : « Peuple des tribunes, assemblée nationale, et vous, monsieur le président, nous venons, au nom du peuple qui attend à la porte, demander à défiler dans la salle, pour voir les représentans de la commune, qui sont ici; nous mourrons, s’il le faut , avec eux. » L'assemblée, quoique frappée de stupeur, a peine à dévorer ce dernier loutrage. Cependant le président ‘{ilsenommait Lacroix) cherche lâchement à composer avec les pétitionnaires. Il les prie de ne défiler dans la salle qu’au nombre de vingt, afin de ne pas consommer le temps que l’assemblée doit aux intérêts de la nation. Quelques députés annoncent que l’assemblée est environnée de tous côtés de gens armés ; on leurrépond , ainsi qu’eux-mêmes l'avaient fait un peu auparavant aux partisans de Lafayette, qui se plaignaient des violences exercées sur eux, que la peur leur fait rêver des dangers imaginaires. Enfin, Manuel, procureur de la commune, veut bientirer l'assemblée de ces mortelles angoisses. [l bläme les pétitionnaires qui viennent de faire entendre des menaces, et déclare qu’il n’existe point de rassemblement autour de l’assemblée. Elle lève sa séance, sans rien décider; la commune est victorieuse.
Tout est préparé pour le crime; Danton l’ordonne. Les listes de proscriptionse dressent dans l'hôtel du ministre de la justice. Il vient à l’assemblée nationale annoncer les mesures qui ont été prises pour sauver la patrie. Le canon que vous allez entendre, dit-il, n’est point le canon d'alarme , c'est le pas de charge sur nos ennemis. Pour les vaincre, pour les attérer , que faut-il P De l'audace , encore de l'audace , et toujours de l'audace, Jamais ministre de terreur ne produisit une impression plus profonde que Danton, en prononçant ces mots avec un geste exterminateur. On proclame un arrêté de la commune, que nous allons transcrire.
« Aux armes ! .... citoyens . « « + AUX armes ! l'ennemi est à nos portes. »
» Le procureur de la commune ayant annoncé les dangers