Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

206 ASSEMBLEE

démandèrent Jouneau , et l’obtinrent. Dusaulx chercha à rappeller à la loi, ou pour mieux dire, à la nature, tous ces furieux. Laissez-nous, lui répondit-on, vous nous avez déjà fait perdre beaucoup de temps. Retournez à votre fonction, laissez-nous à la nôtre.

Le 3 septembre, des commissaires de la commune paraissent à la barre; ils assurent que Paris jouit du plus grand calme, et les massacres durèrent jusqu’au 6. Ils exaltent la vertu des assassins, qui punissaient eux-mêmes ceux d’entre eux qui commettaient des vols. Ils se justifient de n’avoir point envoyé des secours aux prisons attendu que le service des barrières exige trop de monde; enfin, ajoutent-ils, ce qui excitait la juste vengeance du peuple, c’est qu'il n'y avait là que des scélérats trèsreconnus. L’assemblée entendit ces horribles éclaircissemens sans oser manifester son indignation ; et depuis, à chaque plainte nouvelle, à chaque pétition des parens, des victimes, elle répondit par un ordre du jour. Le ministre Roland, seul, eut le courage d’invoquer les lois et l'humanité, contre la sanguinaire commune. La garde nationale crut ne pouvoir marcher sans ordre au secours de ceux qu’on massacrait. Santerre, son nouveau commandant, répondit à toutes les instances qui lui furent faites, qu’il ne voyait aucun moyen de s’opposer à la fureur du peuple.

Louis et sa famille crurent voir arriver leur dernier moment, dans ces fatales journées, et la mort leur semblait le terme désirable de tant d’horribles souffrances. Cependant le Temple fut respecté ; incertains des événemens de la guerre, les ordonnateurs de ces crimes voulaient se ménager des ôtages. La crainte suspendit en eux la cruauté, et leur troupe resta fidèle à leurs instructions. Ils étendirent devant le Temple un ruban

tricolor , et ce fut une barrière suffisante. | u’il était rédoutable ce moment où les assassins réparaient leurs forces! Ils annonçaient que leur exemple allait être imité dans tous les départemens. Le comité de surveillance de la commune écrivit alorscette épouvantable circulaire, que l’histoire doit transerire pour l’effroi de la postérité [f).

L'histoire a conservé les noms de ceux des gouverneurs et des magistrats qui, après la journée de la Saint-Barthélemy, refusèrent d’obéir aux ordres de Charles IX. La plupart des communes de France recurent avecindignation la féroce missive de la commune de Paris; aucune ne l’imita. Comme si sx fureur était encore accrue par la réprobation universelle, elle s’occupa de nouveaux massacres. Sur sa demande, l'assemblée législative avait ordonné, peu de jours après Le 10 août, que les prisonniers d'Orléans fussentamenés à Paris. On a vu, dans le cours de cette narration, les noms de plusieurs de ceux qui