Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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eñ Crimes était un présage terrible de l’ivresse avec laquelle leur propre supplice serait un jour contemplé. On ne laissa pas long-temps Danton et Camille Desmoulins s’applaudir d’avoir coïtribué à la perte de ces sanguinaires anarchistes. Dans la nuit du rr germinal, ils furent arrêtés, ainsi que leurs colléoues Lacroix, Phélippeaux, Hérault-de-Séchelles et le général Westerman, coupable aux yeux de Billaud-Varennes, d’avoir presque anéanti les rebelles de la Vendée. Le lendemain, la convention parut agitée. Legendre , ami de Danton et de Camille Desmoulins, cherchait à rallier tous leurs amis tremblans. Il leur montrait un sort semblable , comme le prix mérité de leur lâche silence. Sa réclamation fut d'abord entendue avec une faveur marquée de la montagne. Les membres du comité de salut publie entrèrent. Leur pas était lent, leur maintien composé , leurs regards sombres et perfides. Legendre parut ému et s'arrêta : Achève, lui dit froidement Robespierre, 14 est bon que nous connaissions tous les complices des traitres et des conspirateurs que nous avons fait arréter. I] ne se trouva plus un seul homme qui osût appuyer Legendre. Saint-Just monta à la tribune; les révolutionnaires n’entassaient jamais plus d’impudentes absurdités que dans ce qu’ils appelaient des actes d'accusation. Le rapport de SaintJust surpassa tout ce qu’on avait vu à cet égard. C'était un tableau de toutes les factions que la révolution avait fait naître : les liens secrets qui les unissaient y étaient présentés de telle manière, que Saint-Just montrait une parfaite concorde entre Danton ordonnant les massacres du 2 septembre et les victimes de ces fatales journées ; entre Danton et les girondins, dont il avait causé la proscription; entre Danton et les hébertistes, auxquels il avait déclaré la guerre, Des rapprochemens si ridicules affaiblissaient ce que SaintJust avait à dire des liaisons de Danton avec le parti de d'Orléans.

Robespierre parla ensuite, afin de montrer que désormais il régnerait sans rival. Au travers de son triomphe percait une farouche inquiétude. Detous les ennemis qu'il avait abattus, Danton était le seul qui pût laïsser des vengeurs implacables. Robespierre voyait la consternation répandue sur toute la montagne. Il prévoyait qu’il serait obligé de décimer encore plus d’une fois son ancienne milice. Se laisserait-elle égorger sans défense ?

Saint-Just et Robespierre annoncèrent que la révolution allait prendre un autre aspect : Que nos amis , que nos ennemis apprennent, dirent-ils, que la terreur et la vertu sont à l’ordre du jour. {ls entendaient par là que l’austérité, la tem pérance et le désintéressement seraient désormais exigés des

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