Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
INTRODUCTION. 27
Les Russes, peu d'années auparavant, s'étaient conduits avec la même cruauté après la prise d’Ismailow. De tels faits peuvent entrer dans l’examen du problème de leur civilisation... Mais qu’avons-nous eu à raconter de peuples qui se vantent d’une civilisation ancienne ?
Varsovie ne tarda pas à ouvrir ses portes au vainqueur. ]l n’y eut plus de Pologne : ses troubles continuels, sa constante misère étaient dus à son aveugle persévérance dans le système féodal ; et pour que rien ne manquât au malheur de sa destinée, elle dut sa ruine aux efforts qu’elle fit pour se dégager de ce régime anarchique , objet de la. dérision et des calculs intéressés de ses voisins. Ses provinces incorporées à trois puissances qui savent tempérer une autorité absolue, ont goûté plus de calme, ont pu tirer plus d'avantages de la fertilité de leur sol... Mais le souvenir de l'indépendance perdue flétrira longtemps cette tranquillité qu'on leur a fait subir. Kosciusko, respecté dans ses fers, les a vu briser. Il a été visiter de nouveau l'Amérique, premier théâtre de sa valeur. Il a été honoré en France. Rien n’a pu y adoucir sa profonde tristesse. Stanislas-Auguste alla languir et mourir à Petersbourg. Le monarque le plus accompli de son temps pour les talens, les grâces, les lumières, et qui, par le défaut de courage dans une situation périlleuse qu’il avait provoquée, ne parut que le plus faible des hommes.
L’'Angleterre avait fait un armement dispendieux pour protéger la Porte-Ottomane contre l’ambition des deux cours impériales, et pour lui faire restituer des forteresses qu’elle avait perdues. Elle vit sans murmure, et peut-être avec joie, le démembrement de la Pologne.
Les victoires remportées par les armées françaises sur la ligue des rois, de quelques événemens, de quelques fléaux intérieurs qu’elles aient été accompagnées ou suivies, doivent nous devenir encore plus chères, quand nous réfléchissons que c’est d’un sort semblable à celui de la Pologne qu’elles ont préservé la France.
Peut-être s’étonnera-t-on de n’avoir pas vu intervenir dans ces troubles deux puissances qui furent souvent les arbitres de leurs voisins, la Suède et le Danemarck, L'une et l’autre s'étaient rendues à peu près étrangères aux projets de la coalition. Le due de Sudermanie, régent de Suède, avait vu condamner parles grands, et avait condamné lui-même les projets ambitieux de son frère. Il voyait la nation appauvrie par les efforts que le dernier Gustave avait faits pour donner de la splendeur et de la gloire à son règne. Il ménageait une noblesse inquiète, sans lui restituer le pouvoir