Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Des événemens aussi déplorables s'étaient passés dans le Valais et chez les Grisons. La ville de Sion avait été emportée d'assaut par les Français. Un grand nombre de soldats et d’habitans avaient péri dans cette action meurtrière ; les trésors de Notre-Dame-des-Hermites avaient été livrés au pillage. Une foule de concussionnaires inondait la Suisse. Le nouveau directoire faisait, à cet égard, des représentations peu écoutées; son autorité était faible. Les Suisses ne cessaient de regretter leur ancien système fédératif, que, depuis, Bonaparte, premier consul, leur a rendu , en lui donnant plus de force et d'unité,

Deux petites républiques , qui avaient long-temps fait partie de la ligue helvétique , avaient été incorporées à la république française ; c’étaient celle de Mulhausen et celle de Genève. Cette dernière avait dû beaucoup d'éclat aux hommes de talent qui sortirent en foule de son sein. Ses orages politiques avaient précédé la révolution francaise, et tenaient à des principes qui furent développés parmi nous avec beaucoup plus d’étendue. L'esprit démocratique y avait été réprimé par l’intervention armée de la cour de France. La révolution le réveilla, l’égara , et Genève augmenta le nombre des républiques où les prétentions à l’extrême liberté causèrent la perte de l'indépendance. Cette ville s’était ressentie du règne de la terreur autant qu'une de nos cités ; elle avait vu périr sur l’échafaud plusieurs de ses citoyens les plus recommandables. Beaucoup d’autres étaient en fuite. Les Français mirent de l’orgueil à réunir sous leurs lois une ville industrieuse, éclairée , et qui avait long-temps attiré l'attention de l’Europe par ses opinions religieuses et politiques. Je passe maintenant aux troubles de l’Italie. Chacun des événemens que je Vais rapporter amène et développe une nouvelle coalition aussi redoutable que la première. C’est la politique du directoire que je m’attacherai particulièrement à suivre.

Rome subit une de ces révolutions qui sont sans couleur et sans intérêt, quand le génie des peuples ne l’a point appelée.

La vieillesse du souverain pontife Pie VI était livrée à cette irrésolution qui précipite la chute des monarques. Déjà trois prises d’armes contre les Français avaient eu lieu dans ses états. Le directoire parut confirmer la conduite magnanime de Bonaparte, en choisissant pour ambassadeur à Rome Joseph Bonaparte, un des frères du général. Cependant la cour de Rome paraissait ne pas se regarder comme domptée par le traité de Gampo-Formio, qui domptait la puissante maison