Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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d'Autriche, Sa haîne était réveillée par lesprit turbulent de la cour de Naples, qui ouvrait ses ports et son cabinet aux Anglais, maîtres de la Méditerranée. De-là une longue hésitation de la part du saint-siége à reconnaître la république cisalpine; de-là la nomination du général autrichien Provera Pour commander l’armée du pape; de-là enfin une suite de pe qui annonÇCaient l'intention, mais ne créaient pas es moyens d'entrer dans de nouvelles hostilités. L’ambassadeur français avait enfin forcé le pape de se déclarer d’une manière positive. Tout paraissait apaisé; mais la cour de Rome, par ses incertitudes et les maux qui les avaient suivies, avait indisposé une grande partie de ses sujets. Beaucoup d’intrigues jouaient en sens contraire dans cette capitale, et tendaient à porter la multitude à des excès qui provoqueraient une rupture. Fidèle aux instructions de son frère et à l'esprit de conciliation qui le caractérise, l'ambassadeur français cherchait à prévenir cet orage. Le 28 décembre 1797, un mouvement séditieux éclate dans Rome. Quelques hommes s’attroupent autour du palais de l'ambassadeur, font retentir le cri de liberté, distribuent des cocardes tricolores. À peine ont-ils préludé par quelques actes à leur apparente insurrection , que les troupes du pape se présentent, repoussent les séditieux, les poursuivent jusque dans le palais de l'ambassadeur, où leur trouble les avait conduits. Joseph Bonaparte se montre pour calmer la fureur des soldats; il veut qu’on respecte son palais; il promet de livrer les coupables. On lui répond en criblant ses croisées de balles. On massacre jusque sur les degrés de son palais. Partout il s’interpose entre ceux qui vont frapper et ceux qu’on menace. Un de ses amis, qui devait le lendemain même lui être uni par le sang, en épousant sa belle-sœur, le général Duphot, partageait ses soins et ses périls, ce jeune guerrier tombe asSassiné. Son corps, déjà inanimé, est encore percé de nouveaux coups. Les Français se précipitent pour l’arracher à ces furieux, et les forcent enfin à la retraite.

La cour de Rome n'avait pas prévu sans doute que les instrumens de sa vengeance la porteraient à un tel excès. Elle offrit à Joseph Bonaparte tous les genres de réparation ; mais celui-ci ne crut pas devoir habiter plus long-temps un palais teint du sang d’un jeune guerrier son ami. Le cardinal Doria recourut en vain à l'ambassadeur d’Espagne pour le fléchir. Toute la légation francaise sortit de Rome et se rendit à Florence,

Le consistoire crut que, dans le péril où il se trouvait engagé, la cour de Naples tiendrait ses promesses , et se hâterait de lui envoyer des secours ; mais il n’en reçut qu’une