Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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néraux dont la réputation survivait à tant de réputations militaires éclipsées. Suwarow était celui de tous dont le nom inspirait le plus deterreur. Il avait, par sa franchise, et même par sa rudesse, quelque analogie avec le caractère de son maître. Paul Ier se plaisait à présenter dans le général qui avait chôtié avec tant de cruauté les Polonais, le fléau de tous les républicains. Tandis que PAutriche négociait encore à Rastadt, et feignait même de consentir aux propositions les plus rigoureuses de la France, Paul Ier, d'accord avec elle, rassemblait dans la Pologne une armée qui ne devait pas tarder à entrer sur le territoire de l'empire germanique.

Ce fut sans doute l’exemple de Paul Ier, et la confiance qu’inspirait un secours si puissant, qui portèrent deux princes d’italie à entrer dans la ligue nouvelle, ou du moïnsà écouter avec complaisance les propositions qui leur étaient faites; je veux parler du roi de Sardaigne et du grand duc de Toscane. Voici l'instant de leur chute. Mais il faut auparavant suivre la cour de Naples qui rallume la guerre contre la France.

Ferdinand FV s'était enfin laissé persuader qu'il était temps d’éclater et de délivrer l'Italie. On l’avait abusé en lui montrant une lettre supposée de l’empereur d'Allemagne qui lui assurait que les hostilités avaient déjà commencé sur le territoire de Venise. Il se mit en marche à la tête de soixante-dix mille Napolitains, et c'était le général Mack qui le dirigeait. IL entra sur le territoire romain. L'armée française qui l’occupait n’était composée que de seize mille hommes disséminés sur tous les points; elle était loin de s'attendre à une attaque que nulle déclaration de guerre n'avait précédée. Le général Championnet, qui la commandait, prit le parti de se retirer vers les frontières de la république cisalpine, en se bornant aux seuls points de défense qui étaient reconnus des positions militaires. Dans ce mouvement rétrograde, plusieurs corps français , que le général Mack s’était flatté d’intercepter, tinrent contre des forces quadruples , et parvinrent à effectuer leur retraite en bon ordre. Le 5 frimaire (25 novembre), le roi des Deux-Siciles, accompagné du général Mack, fit son entrée dans Rome. Ce fut-là le terme de ses exploits.

Cependant l’armée française ne voyait que des dangers autour d’elle. Le directoire de France avait troublé la république cisalpine par des changemens si violens et si indiscrets , qu’il y avait fait prédominer le parti contraire aux Francais.

. L’amiral Nelson avait été recu dans le port de Livourne ; 1] y avait débarqué sept mille Napolitains destinés à faire