Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 173

insurger la Toscane contre les Français. D’un autre côté, on apprenait que les Autrichiens faisaient des mouvemens sur l'Adige et dans le Tyrol. Il ne fallait plus prendre conseil que du courage.

Depuis son entrée à Rome, le général Mack avait montré une grande incertitude dans ses mouvemens. Après plusieurs jours d’inaction , il se détermine à marcher à la tête de trentecinq ou de quarante mille hommes qui formaient l'aile gauche de son armée, pour couper la droite de l'armée francaise, qui n'était forte que de six mille hommes; pour nettoyer la route de Rome à Florence, enlever Civita-Bastellana, et forcer le pont de Corghetto sur le Tibre. Il engage différentes actions pour parvenir à ce but. ILest battu sur tous les points. En trois jours , six mille Français ont fait onze mille Napolitains prisonniers. Le général Macdonald et le général Kellermann ont contribué à ce suceès par la valeur la plus brillante et les dispositions les plus habiles. Mack voit fuir les colonnes napolitaines dans le plus grand désordre. Il ne peut parvenir à les rallier; il abandonne la capitale du monde chrétien; il se couvre du Teverone, et ne reprend un peu de tranquillité qu’en voyant revenir à lui une colonne sur laquelle il avait eu les plus grandes inquiétudes , et qui était commandée par lémigré français Roger de Damas; elle avait pu effectuer sa retraite.

Les Romains vinrent en foule au devant des Francais. Plusieurs d’entre eux les avaient suivis et avaient combattu dans leurs rangs de manière à mériter leur estime. Le château StAnge, où le général Championnet avait laissé une garnison, avait résisté aux efforts de l’armée napolitaine. Le roi des Deux-Siciles était déjà dans son château de Caserte, maudissant un projet de conquêtes qui convenait si mal à son caractère peu guerrier. Il s'était hâté, pendant son séjour à Rome, d'inviter le pape Pie VI à rentrer dans ses états. Mais celui-ci, ou se confiant mal à ces succès apparens, ou déterminé au sacrifice d’une grandeur dont ses vienx ans avaient senti le poids, ne voulut point quitter la sainte et profonde retraite où la religion le consolait, une chartreuse dans la Toscane. Nous allons bientôt le voir arraché de ce dernier asile.

L'armée française ne se reposa point après une victoire dont la facilité l'avait étonnée elle-même. Le général Championnet avait reçu quelques renforts. La prise de possession que les Français avaient faite du Piémont contribuait à le tranquilliser sur la Toscane. Il se résolut à entreprendre la conquête du royaume de Naples, et à profiter de la terreur qui régnait dans une cour où chacun 5e faisait de justes et inutiles reproches.