Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Il entra sur le territoire de Naples, et chercha l’armée de Mack, qui se repliait de toutes parts. Le général Lemoine s’empara d’Aquila et de plusieurs autres postes. Macdonald entra vainqueur dans Arpino et dans Sora. Gaëte que sa position rend si forte, approvisionnée pour un an, défendue par une nombreuse artillerie et par cinq mille hommes de garnison, se rendit en vingt-quatre heures au général Rey. Celui-ci et Macdonald se réunirent devant Capoue , où le général Mack , protégé par un camp retranché, avait rassemblé l'élite de ses troupes.

Mais pendant que Championnet se disposait à forcer l’armée napolitaine dans ses retranchemens, il apprit qu'un mouvement terrible venait d’éclater dans presque toute l’étendue du pays conquis, et que deux divisions, celle du géuéral Lemoine et celle du général Duhesme, avaient à se défendre contre une population soulevée qui massacrait tous les Français épars, les livrait à d'épouvantables supplices, leur coupait tous les vivres, et osait quelquefois affronter des bataillons. Ce mouvement était l'effet d’un des édits les plus odieux qu’ait jamais signés un souverain. Cet édit portait qu’aussitôt que les Français auraient mis Les pieds sur le territoire de son royaume, il était ordonné à toutes les communes de se lever en masse et de commencer le massacre. Cet ordre barbare tomba entre les mains des Français. Les généraux Duhesme et Lemoine parvinrent à se dégager d’une position aussi dangereuse. Ils se réunirent : le premier amenait avec lui six mille prisonniers qu’il avait pris en combattant les rebelles.

Dans de 1elles circonstances , le général Mack fit proposer aux Français un armistice , et le général Championnet l’accepta. L'un et l’autre avaient l'intention de se tromper à la faveur de cette trève : Mack se flattait que les Autrichiens sortiraient bientôt en armes du territoire de Venise, et placeraient l’armée de Championnet entre deux feux. Gelui-ci voulait laisser à une insurrection, que par ses émissaires il avait préparée à Naples, le temps de se développer. Les conditions de l'armistice étaient sévères péur le roi des Deux-Siciles. Il s’engageait à payer dix millions en quinze heures à la république, à chasser les Anglais de ses ports , et il rendait Capoue aux Français. Quelle que fat la confiance du général Mack dans le prompt secours qu’il attendait de l’armée autrichienne , une telle capitulation décelait en lui un esprit aussi susceptible des vertiges de la peur qu'accessible aux espérances les plus chimériques. Elle le faisait connaître à l’Europe. tel que depuis, dans une occasion plus importante, il s'est montré aveg