Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 199

le Vésuve ne pourrait menacer Naples d’une plus terrible destruction. La nuit vient, et ne sert qu’à redoubler la fureur du massacre et du pillage. Que dirai-je ? Trois jours se passent dans cette épouvantable confusion. Elle n’a point passé du côté des Francais ; ils se sont dirigés vers tous les forts qui peuvent assurer leur conquête ; ils se sont aidés de la garnison napolitaine , qui s’est assurée du fort SaintElme. Le général Kellermann a enlevé Castello-Nuovo à la baïonnette. Le fort del Carmine tombe au pouvoir du général Duhesme , qui l'escalade.

Vingt fois le général en chef s'était exposé à tous les dan: gers pour se faire entendre de la populace furieuse. Il avait recommandé à ses soldats de s’abstenir de tout meurtre inutile. Au troisième jour du combat, on voit quelques Lazzaroni s'approcher des vainqueurs , commencer à s’entretenir avec eux, boire ensemble, pendant qu’à côté d’eux se passaient encore les scènes les plus épouvantables. Tout-àcoup les Français firent retentir avec mille signes de respect et d’adoration le cri de S'aint-Janvier. Les Lazzaroni écoutent , et font écho à ce nom si vénéré. Leurs chefs profitent de ce moment pour les haranguer. On se mêle, on s'embrasse, on marche ensemble à l'église de Saint-Janvier. Le général en chef fait donner une garde d'honneur à ce saint, devenu le conciliateur des partis. Bientôt il se fonde une république nommée parthénopéenne, et les grands de l’état deviennent les partisans les plus zélés de ce gouvernement populaire. Mais la liberté n’était encore là, non plus qu'à Rome, qu’un projet. Les formes de l'administration civile ne paraissaient pas suffisantes pour contenir une telle population. Championnet maintint le régime militaire. Le di rectoire de France lui en fit un crime : il craignait encore plus l'indépendance des généraux que les révoltes des peu ples. Il ne mit aucune pudeur dans son ingratitude envers le conquérant de Naples ; il le destitua , et bientôt même il le fit arrêter. Déjà il avait usé de la même rigueur en« vers Joubert , un des plus glorieux compagnons de Bonaparte. Ce général commandait dans la république cisalpine. De concert avec Fouché, ambassadeur de France, il maintenait dans ce pays la forme de gouvernement que Bonaparte y avait établie. Le directoire ne trouvait point ces lois assez analogues au code qu’il était résolu de donner avec une scrupuleuse uniformité à toutes les républiques satellites (c’est le nom qu’on leur donnait familièrement pour honorer leur indépendance). Il médita des changemens dans cette organisation et dans les fonctionnaires auxquels elle était confée. À l'approche d’une guerre dont l'Italie devait être le théà-

3. 2d