Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Bonaparte avait cru dangereux d'attendre l’armée ennemie sous les murs de Saint- Jean-d’Acre. Il avait laissé deux de ses divisions devant cette place. Il avait marché avec la division du général Kléber et celle du général Bon, et toute sa cavalerie, au-devant des Turcs. Comme il approchait du Mont-Thabor, :| découvre la division de Kléber, qui, formant en tout deux mille hommes, soutenait l'effort de vingt-cinq mille hommes de cavalerie. Le camp des Mameloucks s'aperçoit à deux lieues de distance du champ de bataille. Bonaparte fait marcher contre eux une partie de ses cavaliers. À Ja vue d’une armée six fois supérieure en nombre à la sienne; il prend ses dispositions comme s’il avait déjà vaincu, comme S'il n'avait plus qu’à poursuivre sa victoire. Il culbutera les ennemis sur le Jourdain ; mais il faut les empêcher de repasser le fleuve. Il confie au général Murat l'expédition la plus hardie. Il lui donne l’ordre de s'emparer du pont de Jacoub , qui est gardé par le fils du gouverneur de Damas ; à la tête d’un corps nombreux de janissaires. Murat obtient un tel succès dans sa mission, qu'il enlève le pont de Jacoub, fait prisonnier le commandant ture avec une partie des siens, et poursuit le reste jusque . sur la route de Damas. La victoire est déjà décidée sur tousles points ; le camp des Mameloucks a été forcé par l'adjudantgénéral Leturc. Vingt-cinq mille hommes de cavalerie qui entouraient le général Kléber ont fait de vains efforts pour rompre les deux carrés d'infanterie que ce général a formés. Le coup de canon par lequel Bonaparte lui a annoncé son arrivée a ranimé ses efforts. Une demi-brigade que le général en chef a envoyée à son secours a suffi pour le dégager : c'est la dix-huitième , et elle est commandée par le général Rampon. Une autre , sous les ordres du général Vial, se porte sur les hauteurs pour couper la retraite à cette immense cavalerie déjà mise en déroute. Partout où elle cherche un refuge ellé trouve des poignées de vainqueurs qui la repoussent. Enfin , à la faveur de la nuit, elle se cache derrière le Mont-Thabor. Le résultat de cette bataille , est la défaite de vingt-cinq mille hommes de cavalerie, et de dix mille d'infanterie, par quatre mille Français , la prise de tous les magasins de Vennemi , de son gamp , et sa fuite en désordre vers Damas. Ses propres rapports font monter sa perte à plus de cinq mille hommes.

Bonaparte avait ainsi dispersé et presque anéanti une armée qui avait espéré le chasser de l'Egypte. Une telle défaite, qui semblait ouvrir au vainqueur le chemin de VAsie, n’abattit cependant point le courage des ‘Turcs et des Anglais renfermés dans Saint - Jean - d’Acre. Ils