Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 25

aller à la rencontre du général français Muller, qui faisait une fausse attaque sur Philisbourg ; tandis que Suwarow, désespéré de quitter l'Italie, s’avançait vers Zurich à marches forcées , à travers les montagnes, les rochers et les précipices. Ainsi ilse trouva un intervalle de près de trois semaines où les armées victorieuses des ailiés n’eurent plus de centre ni de point d'appui. Ce mouvement n’échappa point à un général aussi vigilant et aussi intrépide que Massena. Il se garda bien de troubler de telles opérations en annonçant trop tôt l'intention d’en profiter. Il a rassemblé ses forces ; il se dispose à reprendre dans un seul jour tout le terrain qu'il n’a cédé qu’en quatre mois de combats. II a chargé le général Lecourbe de s'opposer à la marche de Suwarow. La plupart des mémoires militaires s'accordent à donner les plus grands éloges à la conduite du général russe au moment où la victoire s'apprête à abandonner ses drapeaux. On rapporte que , se disposant à attaquer un poste de Français qui défendait le Saint-Gothard, et voyant ses soldats interdits à l'aspect de ces cimes encore chargées de glaces et de neiges , il ranima leur courage par un trait qui caractérise à-la-fois lui et son armée. Il s’arrêtez il fait creuser un fossé sur le chemin; il s’y précipite =

uand vous vous déshonorerez , dit-il à ses soldats , voic£ la place de votre général. Achevez votre ouvrage , couvrezmoi de terre... Je vous vois interdits : vous contemplez avec étonnement votre général dans une telle posture et couvert de fange ; lâches , c'est de vous-mémes que vous devez rougir |

Suwarow avait déjà emporté le poste du mont Saint-Gothard et plusieurs autres non moins importans. Il n’était plus qu'à peu de distance de l’armée principale , dont il allait prendre le commandement, et qui était destinée à l'invasion des provinces françaises, lorsque Massena commença l'opé ration la plus importante et la plus heureuse de toute la campagne. Le 2 vendémiaire | 23 sept. 1799) ; il avait fait une attaque générale contre tous les postes de l'armée des alliés. Par ses habiles manœuvres , il avait entièrement séparé le corps autrichien commandé par le général Hoïize, et surtout il lui avait rendu impossible toute jonction avec Suwarow. Hotze, au désespoir, imite le dévouement du général Joubert, et comme lui, est tué au commencement de l’action , en chargeant à la tête de ses grenadiers. Toute l'aile qu'il commandait est battue, dispersée, erre dans les montagnes sans pouvoir se rejoindre au centre de l’armée. L'effort des Français se porte ensuite sur l’armée russe, commandée par le prince Korsakow;

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