Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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obtenu que des succès, et à la tête de laquelle il s'était flatté de traverser la Suisse , d’envahir la Franche-Comté, de surprendre Besancon et peut-être de menacer Paris , il faut qu’il dispose sa propre retraite et qu’il fuie sans avoir vaincu. Il ne peut s’y résoudre ; il s’'emporte; il menace; ilordonne au malheureux Korsakow de tenter encore avec les débris de son armée un nouveau combat, Korsakow obéit. Il est vaincu une seconde fois. Massena se porte avec rapidité vers l'aile que commande le général Lecourbe , et qui va poursuivre Suwarow. Déjà l’on se flatte à Paris de voir arriver prisonnier le héros russe qui s’est rendu l’Annibal de la nouvelle république. Mais ni son courage ni ses talens militaires ne l’ont point abandonné dans cette situation presque désespérée : il combat à chaque poste; il se défend sur chaque montagne ; souvent il est obligé d'abandonner son artillerie; quelquefois il ne peut secourir des corps qui sont assaillis par des forces supérieures. Enfin il revoit l'Italie, le théâtre de sa gloire , où il ne ramène que treize mille combattans indignés comme lui. Le ressentiment de Suwarow contre les inepties ou les perfidies du cabinet autrichien fut bientôt partagé par son maîitre ,et devint aussi fatal à la coalition que les revers que je viens de rapporter. Mais il appartenait à un autre gouvernement que le directoire de développer ces semences de discorde. Le résultat de ces différentes batailles fut, suivant le rapport du général Massena, environ dix-huit mille prisonniers, dont huit mille blessés, plus de cent pièces de canon , treize drapeaux, quatre généraux prisonniers, cinq tués, la reprise du Saint-Gothard , de Glaris et des vallées qui y débouchent. La perte totale des ennemis s’'éleva à plus de trente mille hommes.

Presque dans le même temps la coalition éprouva dans la Hollande une défaite humiliante pour les Anglais et les Russes, qni avaient été ses principaux moteurs. Le cabinet de Londres avait tout espéré de l'invasion de ce pays. Jamais un armement plus formidable ne s'était préparé dans les ports britanniques; mais le commandement en avaitencore été confié au duc d'Yorck , et cette seule circonstance suffisait pour rassurer les Francais. Partagés par tant de périls divers, ils n'avaient pu laisser dans la république batave qu'un corps de troupes peu nombreux, commandé par le général Brune. Celui-ci avait de plus sous ses ordres les troupes bataves, dont le général Daendels avait le commandement particulier.

Dans les derniers jours du mois d’août 1709 , la flotte britannique , au nombre de cent cinquante voiles, parut devant la rade du Texel. Vingt mille hommes débarquèrent à la pointe