Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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du Helder, Ils se rendirent maîtres des batteries. Ce premier succès leur en valut un autre plus facile encore, et beaucoup plus important. Ils s'emparèrent, sans tirer un coup de canon, de toute la flotte batave qui était dans le Texel. Nous avons déjà vu, dans plusieurs occasions, les honteuses défections de la marine hollandaise, qui , toute vouée au parti d'Orange, ne manquait jamais de trahir, devant les Anglais, sa patrie et son ancienne gloire.

Les Austro-Russes, débarqués dans la Nord-Hollande, réussirent d’abord dans toutes leurs entreprises , mais lentement, et avec plus de difficulté qu'ils ne l’avaient calculé. L'armée de terre des Hollandais, animée par le patriotisme du général Daendels, disputa le terrain, et apprit au due d’Yorck qu'il lui faudrait bien des victoires pour s’onvrir le chemin d'Amsterdam. Ce prince avait évité jusque-là les fautes qui lui avaient occasionné des revers honteux dans la Flandre maritime. Un militaire distingué, le général Abercromby, quitdepuis se distingua dans une expédition contre l'Egypte, et mourut, comme Gaston-de-Foix et Gustave, au sein de la victoire , dirigeait les opérations. Après deux actions générales qui avaient été à l'avantage des Austro-Russes , le général Brune rassembla toutes ses forces pour une bataille décisive. Elle s’engagea à Berghen. Le 20 septembre, vingt-cinq mille Français et Bataves y battirent complétement quarante mille Anglais et Russes. On peut juger‘ de l’étendue de cette victoire par la capitulation que signa, un mois après, le duc d’Yorck, qui avait été chassé sans relâche jusqu’au fond de la Nord-Hollande. Il s’engageait à évacuer en totalité tous les forts qui pouvaient lui rester dans la république batave ; à rétablir celui du Helder , et enfin à rendre, sans compensation, dix mille prisonniers français et bataves détenus en Angleterre.

Si de tels succès ne causèrent point en France toute la joie qu’ils semblaient devoir exciter, il fauthien moins en accuser la nation que les maux intérieurs auxquels elle était en proie, et dont elle n’osait plus espérer le remède. L’anarchie, accrue par les revers, ne pouvait plus se guérir par les victoires. La guerre civile, organisée dans plus de vingt départemens ; des révoltes qui s’annoncçaient dans plusieurs; le brigandage qui se répandait dans presque tous; le vol et l'assassinat commis avec impunité sur un grand nombre de routes; deux loister= ribles , celle des otages et celle de l'emprunt forcé ; qui appelaient plus de maux qu’elles n’en pouvaient prévenir; un désordre de finances tel qu'aucune nation n’en avait jamais supporté; une succession de banqueroutes partielles qui prolongeaient l’opprobre de la banqueroute générale; le trésor public pillé sur tous les chemins, dans les maisons même des rece-