Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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avec les puissances barbaresques de la Méditerranée et avee les Etats-Unis d'Amérique.

Les armées d'Allemagne et d'Italie poursuivaient leurs conquêtes. Malgré les mouvemens que se donnait l'Angleterre pour entretrenir le feu de la discorde, l'Autriche demanda la paix; elle fut signée à Lunéville, le 9 février 18or. La France y gagna les quatre départemens de la rive gauche du Rhin. Le 28 mars, la paix fut également conclue avec le roi des Deux-Siciles. La France victorieuse et dont les plaies intérieures commencaient à se cicatriser, voyait ses colonies en proie aux fureurs de l'anarchie. Les crimes qui avaient souillé la révolution en Europe, l’ensanglantèrent dans le NouveauMonde. Les discordes civiles partagèrent la Guadeloupe ; Toussaint-Louverture affecta le suprême pouvoir à Saint Domingue. On voulut le traiter enrebelle, et l’armée de l'Ouest fut destinée à aller périr sous le ciel dévorant des Antilles. Le commandement en fut confié un moment à Bernadotte; mais il paraît qu’il refusa de conduire l'expédition ; le général Leclercq, beau-frère du premier consul en fut chargé. Les Français débarquèrent à St-Domingue; les noirs furent traités avec sévérité, peut-être même avec barbarie; mais le climat Aqui plus tard devait combattre encore, dans uneautre partie du globe, contre la valeur française, vengea les compagnons de Toussaint- Louverture. Ils restèrent maîtres du pays et exercèrent d’horribles représailles. Cette expédition imprudente coûta des sommes énormes et trente ou quarante mille hommes d’excellentes troupes. Il est aflligeant de penser que la destruction entra dans les calculs de l'ambition , et que Bonaparte sacrifia, de dessein prémédité, des Corps qui n’avaient point servi sous lui et une foule d’officiers mécontens, afin d’aflermir son pouvoir. Sa grandeur seule semblait alors l'occuper. Au commencement de 1602, la consulta dont il avait reuni les membres autour de lui à Lyon, comme il l'annonce lui-même avec orgueil dans un discours qu’il prononca dans tette circonstance, le déclarait président de la république cisalpine. Les idées révolutionnaires avaient pénétré depuis long-temps en Italie, où elles étaient même plutôt le partage de Ja noblesse que celui du peuple. En effet la souveraineté dans les différens états qui se divisaient l'antique Ausonie, repo= sait entre les mains d’un prince étranger. Les places éminentes étant données à des Espagnols ou à des Allemands, la noblesse se trouvait éloignée des emplois auxquels elle se croyait appelée par sa naissance. Les chagrins de l'ambition trompée durent se changer en aversion pour le maître; du haut du capitole le génie de la ville éternelle reprochait aux Italiens leur esclavage et leur avilissement. Ils furent fiers