Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LA GUZLA DE MÉRIMÉE 149

state en effet que Mérimée lui a emprunté le sujet de la ballade intitulée : {a Mort de Thomas II, roi de Bosnie, où il à reproduit presque littéralement dans les notes quelques pages du consul. Mérimée nous apprend que Nodier, qui, le premier, avait introduit en France la ballade de la femme d’Asan-Aga, accusait l’auteur de La Guzla de plagiat. Il nous apprend aussi que, pour interpréter littéralement cette ballade, il s’était adressé à une personne sachant le russe qui, naturellement, n'avait pu, sur certains points, lui donner que des indications fausses, comme ferait un Français qui voudrait interpréter l’espagnol ou l'italien sans avoir étudié ces langues.

C’est en 1827 que parut à Paris, le volume intitulé : La Guzla, ou Choix de poésies illyriques recueillies dans la Dulmatie, la Bosnie, la Croatie et l'Herzégovine (à Paris, chez Levrault, rue de la Harpe et rue des Juifs, 33, à Strasbourg). Le volume était imprimé chez Levrault à Strasbourg. J'ai la bonne fortune d’avoir dans ma bibliothèque la première édition qui fait partie des éditions dites romantiques et qui est aujourd’hui très recherchée des bibliophiles. Elle constitue tout ensemble une édition des romantiques et un précieux alsaticum. Elle est précédée d’une lithographie tirée à Strasbourg, chez Levrault,signée À. Br. et qui n’a pas reparu dans les éditions ultérieures. Cette lithographie représente le portrait d’un barde illyrien accroupi et en train de racler son instrument. Le type et les accessoires sont exacts. Il serait intéressant de savoir où Mérimée s'était procuré les documents nécessaires. La physionomie du Guzlar était, comme l’a démontré M. Tourneux, le portrait plus ou moins défiguré de Mérimée!,

Mérimée consacre à ce personnage imaginaire une notice où il a entassé des détails romanesques qui ne concordent pas entre eux. Il raconte qu’à l'âge de dix-huit ans, Maglanovitch — c’est le nom de son héros — fut converti

1. Voir la cinquième livraison de l’Age du Romantisme. (Paris, Marmier et

Gie, 1888).