Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LA GUZLA DE MÉRIMÉE 153

duit en strophes de six vers, deux rimes alternées et deux rimes plates.

Le premier traducteur des poésies complètes de Mickiewicz, Christian Ostrowski (dont la traduction parut pour la première fois en 1844 et passa évidemment sous les yeux de Mickiewiez) a pris le poème pour une adaptation originale et l’a retraduit en français.

Mérimée ne dut pas médiocrement se divertir s’il eut connaissance de cette traduction et j'imagine qu’elle eût aussi singulièrement réjoui Spoelberch de Lovenjoul qui a oublié Mickiewiez dans sa bibliographie de Mérimée. Mystifier à la fois les deux plus grands poètes de la race slave, cette bonne fortune n’a pas été donnée à tout le monde !

Voici d’un autre côté le texte de Mérimée, de l’autre la version d'Ostrowski.

ns. Texre D'Osrrowskr Texre DE MÉRIMÉE. 5. Lu d'après Mickiewicz.

Quand Prascovie m'eut Après avoir dépensé mon abandonné, quand j'étais dernier sequin, lorsqu'une triste et sans argent,unrusé perfide sirène‘ m’eut trompé, Dalmate vint dans ma mon- je m’en allais tout triste : un tagne et me dit : « Va àcette Italien me rencontra et me grande ville des eaux;lesse- dit : « Viens, Dimitri, nous quins y sont plus communs irons à la ville des mers, que les pierres dans notre nous trouverons plus de pays. » belles filles et plus d'argent

dans ses murs que de pierres dans les montagnes.

Les soldats sont couverts «Lessoldats y sonthabillés d’or et de soie :etils passent d’or et de soie; ils boivent leur temps à toutes sortes de bien et s'amusent mieux enplaisirs; quand tu auras ga- core ;ilste donneront à mangné de l’argent à Venise,tu ger, à boire, et riche te ren-

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1. Le texte de Mickiewiez dit tout simplement une femme : sirène est de l'invention d'Ostrowki.