Trois amies de Chateaubriand

286 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

pas du tout religieuse, mais plutôt, et horriblement, encyclopédiste, disciple hâtive des philosophes et de Rousseau, Et il suffisait qu’elle lût le Port-Royal de son cher Sainte-Beuve pour que soudain se réchauffât son désir de religiosité philosophique. C’est tout ce qu’elle veut dire; et c’est tout ce qu’elle éprouve, — soyons simples L.

Elle continue : « Vous rencontrer encore sur ce terrain-là.. » car elle écrit un peu vite... « est-ce un crime de le trouver doux? Si vous aviez une jeunesse à mettre à mes pieds, moi je n’en ai plus. Tous deux nous sommes sages; le mot aimer même ne fut jamais prononcé par vous ni moi... » Quelle nonchalance! ou bien quelle franchise un peu trop dénuée de coquetteriel!.. Et puis : « Mais Dieu saït ce qu'a été votre conduite depuis moi et de combien de flammes vous aurez brûlé, cet hiver. Que Pascal, Sacy et tous ces saints vous rappellent à la vertu! » Excellente plaisanterie, je crois, Certes, il ne faut pas demander à un écrivain de valoir ses livres; de valoir, s’il est historien, ses personnages, ses héros, les saints dont il raconte la vie, Et cependant!..

Mais, la merveille, c’est que de tels reproches viennent à Sainte-Beuve, de qui? de la charmante Hortense Allart.

D'ailleurs, elle ne garde pas rancune à l’auteur de Port-Royal. Non; elle est, de temps en temps, violente, un peu violente; mais elle ne l’est pas toujours. Elle écrit, en effet : « Savez-vous que, quand un homme vous a paru très aimable, qu’il vous a dit