Trois amies de Chateaubriand

PT

ES RS ET D

302 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

ciens, de petites chapelles; — et m’est-ce pas dans

les petites chapelles étroites et comme secrètes que

les cierges brûlent avec le plus d’ardeur et que l’odeur accumulée de l’encens est le plus forte?

Ï y avait, dans le cœur attristé d’Hortense, une chapelle pour ce dieu de naguère, Chateaubriand. Le dieu vieïllissait, Hortense ne le voyait plus ; mais, de temps en temps, ils s’écrivaient. Et Hortense avait de ses nouvelles par Sainte-Beuve, Elle écrivait à Sainte-Beuve : « Le voyez-vous chez Mme Récamier? Î dit qu'il est toujours souffrant... » Ses lettres à Sainte-Beuve — et celui-ci en devait rager — sont toutes pleines du souci de Chateaubriand.

#74

En 1845, Chateaubriand était bien vieux; et il semblait honteux de l’être!. Cassé, déformé, son corps grêle se soutenait mal sur ses faibles jambes. Son visage avait maigri: et, sous les rares cheveux blanes, le front se dressait, étroit et haut, tourmenté de rides. La bouche se contractait et faisait un sourire énigmatique. Il ne restait de beau que les grands yeux bleus, qui « se mouillaient facilement de larmes et qu’il levait avec une douceur étonnée ».

Hortense écrit à Sainte-Beuve : « Dites-moi si vous voyez René; il m'écrit bien tristement, et son état me touche et m'affligez. »

4. Voir Eucène MANUEL, Une visite à Chateaubriand [en 1845]

(dans la Revue contemporaine du 1® juillet 4895). 2. Voir l’Appendice (Q).