Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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consterna les Sloyènes, car ils savaient qu'un accroissement de puissance de l'Allemagne équivaudrait à la mort de leur nationalité. Ils s’efforcèrent de puiser en France un soutien moral, chose toute naturelle pour un peuple contraintde cherchér son salut national dans l’opposition à tout ce qui était allemand, Le flot du germanisme qui les entourait de toutes parts était devenu un cauchemar pour les Slovènes. La langue allemande à l’école, dans le Gouvernement, dans les bureaux, dans la vie commerciale; la science allemande dans les Universités de langue étrangère; partout et toujours des menaces de nouveaux empiétements allemands, -- c'était le terrible refrain du passé et l'écho mille fois répété du présent. « Éviter un sort si funeste », telle devint la devise de la nation.

C'est dans cet état d'esprit, c’est avec de tels sentiments que les Sloyènes se sont engagés dans la guerre mondiale. Ils détestaient tout ce qu'un patriotisme aveugle, une armée mercenaire et les gouvernants viennois admiraient comme la plus étonnante merveille qui fut sur terre, c’est-à-dire le caractère allemand, l’arrogance allemande, le militarisme allemand. Les Slovènes aimaient tout ce qui n'avait aucun rapportavec la politique étrangère de la monarchieet tous ceux que les Allemands et les Magyars détestaient et méprisaient.

Avec quel entrain les chefs intellectuels slovènes saluèrent

lé début d’une guerre que tout le monde sayait devoir être

une croisade contre le pangermanisme, il est facile de le comprendre. [ls savaient l’affreuse cruauté d’une politique étrangère anti-nationale et anti-démocratique, et la démence de tout le système d'exploitation pratiqué jusqu'alors par les Germano-Macyars; ils y voyaient un suicide. Ils comprenaient en même temps quels étaient les véritables intérêts en jeu. On avait recouru à la guerre comme au dernier expédient capable d'empêcher la réforme de la monarchie en faveur des Slaves. Des millions d'hommes devaient périr sur les champs de bataille pour soutenir et perpétrer le despotisme et la tyrannie d’une caste privilégiée et les orgueilleuses ambitions de deux races. Cet abîme de perversité était

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