Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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des nationalités. Une Europe désireuse de la paix mondiale doit intervenir dans ce dernier cas; elle le doit donc en faveur de la Yougoslavie.

C'est une histoire intéressante que celle des relations de l'Autriche avec les Slovènes. De tous les Slayes, les Sloyènes sont ceux qui ont vécu le plus longtemps sous le sceptre autrichien. Is furent les premiers à perdre leur indépendance, ils furent les premières victimes de la féodalité allemande. Ils partagèrent les alternatives de fortune par lesquelles passa l’Empire des Habsbourg. Le vieux système du gouvernement de l'Autriche était un régime de protection patriarcale, à la fois pour les nationalités et pour les individus. L'intelligence très bornée des sujets ne leur permettait pas d'échapper à la tutelle de l’absolutisme. L'individu n'était. pas seulement politiquement traité en mineur, la nationalité l'était de même. Le souverain gouvernait les peuples bien ou mal, en vertu de lois absolutistes more paterno, et la police, organisée d'après le système foscan-espagnol, intervenait dans toutes les affaires privées, non pas des citoyens, mais des sujets de l'Etat. La politique étrangère et l’armée, tels étaient les domaines exclusifs du souverain. Les classes moyennes (c'est-à-dire la partie intelligente de la nation) et la masse du peuple n'avaient rien à dire à cet égard. Un tel régime n’est naturellement pas fait pour développer chez les individus le sens de la liberté civique, de l'indépendance, ni de la responsabilité.

Jusqu'en 1848, les Slovènes vécurent dans cette atmosphère suffocante de mensonge, de servitude et d’absolutisme. L’année 1848, si pleine d'événements, les surprit complètement dépourvus de préparation nationale. La politique slovène de 1848 fut confuse et le but n’en apparut d'aucune manière.

La dynastie ne manifesta pas la moindre attitude hostile : à l'égard de l'Illyrisme, et celui-ci put même proclamer alors le principe de ce que l’on a plus tard appelé la « Grande Serbie» À Vienne, le nom d°« Illyriens » sonnait mieux aux oreilles que celui de « Slovènes » ou celui de « Croates ).