Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

LES SLOYÈNES ET L'AUTRICHE 92

En 1850, le Gouvernement viennois nomma une commission chargée d'établir lPunification de la terminologie juridique yougo-slave. Cette commission, qui comprenait des Serbes, des Croates et des Sloyènes, accomplit son œuvre en peu d'années, et la première « Terminologie juridique » des Slaves du Sud parut à l'époque de l’absolutisme le plus ardent.

L'Autriche n'a jamais pu, malheureusement pour elle, mener un plan une fois conçu jusqu'à sa conclusion logique. C'est ainsi que l'occupation de la Bosnie et de l Herzégovine, qui fournit aux populations yougo-slaves de l'Empire un nouvel et important apport yougo-slave, n’ajouta en fin de compte qu'un misérable fragment à une mosaïque politique.

Il est très intéressant de noter les différentes phases par lesquelles a passé dans les pays slovènes l'administration autrichienne, au cours des quarante dernières années, c'està-dire depuis la fondation de l'empire allemand. Pendant les années où l'Allemagne n'était pas encore l’alliée de l’Autriche-Hongrie, et au moment où la politique étrangère de l'Autriche ne s'était pas encore fourvoyée en matière de politique intérieure, l'élément slovène s'élevait pour sa large part aux premiers postes de l'administration. C'était alors un temps de justice nationale relative. En fait, sous Taaffe, le gouvernement ne réalisa aucune réforme radicale dans le système administratif; il se contenta d'introduire graduellement la langue slovène dans les tribunaux et dans l’administration. Les Slovènes estimèrent que ce n'était là que justice, « une justice aussi restreinte que possible », une concession faite par contrainte à l'idéal national des Slovènes. Les ordonnances relatives aux droits linguistiques édictées sous le ministère de Taaffe n'étaient que des demi-mesures, mais elles révélaient du moins une tendance à l’impartialité, à un traitement administratif plus équitable. Aussi, sous Taaffe, les Slovènes furent-ils du parti du gouxernement. Les luttes nationales ne furent pas alors particulièrement âpres en Styrie ni en Carinthie: « vivre et se laisser