Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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nous tenaient dans un état d’oppression la plus affreuse, et nous ne respirions ni ne reposions pas. La vie était un supplice et un tourment continuel, et à chaque instant craignant de la perdre sur un échafaud où l’innocent était conduit comme le coupable. Entin le règne de la Justice et de l’Equité est venu remplacer ce système de tyrannie et de cruauté, qui a tant fait de malheureux. C’est l'unique moyen d'établir solidement la république et de nous assurer à tous la jouissance des droits essentiels qui peuvent faire le bien-être général et le plus grand bonheur possible, dont l’homme puisse jouir sur cette terre, en lui assurant les moyens d'employer librement son intelligence et ses facultés à tous les travaux nécessaires pour se procurer tous ses besoins...

« Je passe mon temps ici aux travaux des jardins, dont je suis toujours très occupé, et vais à présent commencer à faire des plantations. Voilà le temps et la saison... Recevez les assurances de mon véritable attachement,

« BUTRÉ. »

La bonne humeur persiste dans une lettre, écrite au même, six semaines plus tard.

« Paris, 25 frimaire, l’an III de la République française. (15 décembre 1794).

« Citoyen, j'ai reçu ta lettre qui m'a fait le plus grand plaisir... J'étais en dehors de Paris lorsque ta lettre est arrivée, occupé à planter des arbres, car je travaille toujours à faire des jardins et de superbes plantations. J’en ai déjà planté 1500 et j'en ai bien encore 500. Mon absence est cause que je n'ai reçu ta lettre qu’un peu tard et après ma levée des pépinières de Vitry, car si je l’eusse eu plus tôt, je t’aurais sûrement envoyé des arbres, quoique le port soit aujourd’hui trois fois plus fort que l’achat, qui cependant est fort augmenté, comme tout le reste. Je suis bien charmé que tu aies repris ton jardin ; je te promets que je te le mettrai en bon état, car