Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

— 169 —

qui répandraient la science dans toute l'Allemagne, sans quoi elle finira avec moi et restera concentrée dans Montreuil, dont elle ne sortira jamais, car ces industrieux cultivateurs ne veulent ni instruire les étrangers, ni être jardiniers ailleurs.

« Pardon de tant de détails qui vous prouveront tout l’intérêt que j'ai mis en cette superbe plantation que je ne saurais jamais perdre de vue. Je vous prie de faire part à M. le margrave que je suis à ses ordres et que je n’irai sûrement pas à Ettenheim sans les recevoir... »

Dans quelle mesure la comtesse intervint-elle en faveur de Son Correspondant, c’est ce qu’il nous serait difficile de dire; mais il est probable que, les négociations de Rastatt aidant, c’est à sa faveur que Butré dut la permission de revenir dans le margraviat pour liquider sa situation personnelle. Il doit être arrivé à Carlsruhe dans les premiers jours de mai 1798, car C’est du 10 de ce mois que la veuve Model Salomon a daté la décharge complète remise à M. de Butré de toutes demandes et prétentions élevées jusqu’à ce jour et lui donne main-levée de toutes réquisitions ultérieures de sa part. Quand il eut réglé ses menues dettes dans la capitale et fait ses visites d’adieux,! il partit pour Ettlingen : l'impression que firent sur lui ses vergers délaissés se retrouve dans le billet qu’il adressait de cet endroit à son propriétaire sStrasbourgeoïs, le 16 mai 1798.

« Citoyen, j'ai toujours été à Carlsruhe depuis mon départ, où j'ai enfin fini mes affaires la semaine passée, et suis venu lundi ici où j'ai trouvé de l'ouvrage et j'y suis occupé à tailler

! Il rencontra à cette occasion à Carlsruhe l’un de ses compatriotes, le géologue Faujas de Saint-Fond, qui faisait alors des expériences d’aérostation, semble-t-il, dans le pays de Bade. Il se lia très particulièrement avec lui, et lui resta très attaché, comme on le voit par une lettre à un savant parisien inconnu, datée du 9 ventôse an VII (19 mars 1799), écrite à propos du long silence de Faujas, qu'il croyait mort parce qu’il ne lui répondait plus.