Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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votre amitié m’est précieuse; elle sera toujours pour moi d’un grand prix et l’objet du tendre attachement avec lequel j'ai l'honneur, etc. »

Repoussé de ce côté, Butré essaya de se procurer de l’ouvrage par un appel au public alsacien. Il fit insérer dans les feuilles locales l’appel suivant :

« Adresse aux vrais amateurs de jardins.

« Le citoyen Butret, par plus de soixante ans d’études et de travaux a acquis des connaissances profondes sur l’art des jardins fruitiers, comme le prouve le petit livre qu'il a fait imprimer sur cette partie. Ne se trouvera-t-il personne en Alsace, curieux d’avoir un jardin rempli de superbes arbres fruitiers et dont la possession soit convenable à un si précieux établissement ? Je lui offre mon zèle et mes lumières. Je

demeure « BUTRET, jardinier. »

C’estsans doute pour se faire connaître du public compétent, pour nouer quelques relations nouvelles, obtenir quelques recommandations peut-être, qu'il se fit également admettre dans la « Société libre d’agriculture et d'économie intérieure», que dirigeait alors à Strasbourg le professeur Spielmann. Cet appel ne fut pas absolument perdu. Quelques dames surtout s’intéressèrent au pauvre vieillard, presque octogénaire, qui se voyait obligé de gagner son pain au métier fatigant d’horticulteur. Il s’est conservé des lettres et des billets de quelques-unes d’entre elles parmi les papiers de Butré, factums aimables pour la plupart, écrits au gentilhomme et non au jardinier. Parmi ces clients nous trouvons les noms de Me Saltzmann, à sa campagne d’Ostwald, de M. Kubn, du «bon papa » Rübsamen, de Mr: Zollicofer, née Spielmann, au style peu classique, de Mx° Cappe, qui possédait une campagne à Dachstein, ete. Mais de beaucoup la plus aimable des cor-